Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème RSEE INTERNATIONALE
 Pays MONDE  Date juin 2016

Global Slavery Index 2016 : cartographie de l'esclavage moderne

Synthèse : Le rapport annuel "Global Slavery Index 2016" * évalue à 45,8 millions le nombre de personnes actuellement victimes de l'esclavage moderne sous ses multiples formes : un chiffre en augmentation de 28% sur 2 ans (cf. Atmosphère Internationale de décembre 2014) ! Un phénomène qui touche particulièrement l'Asie et notamment les principaux pays de sourcing des chaînes d'approvisionnement internationales.

Selon l'ONG internationale "Walk Free", 2/3 des victimes de ces pratiques qui violent les principes élémentaires des droits de l'homme (trafic d'êtres humains, travail forcé, servitude pour dette, mariage forcé, vente et exploitation des enfants,...) sont recensés dans 5 pays : Inde, Chine, Pakistan, Bangladesh et Ouzbékistan.

Le classement 2016 de l'ndice mondial de l'esclavage, exprimé en part de la population totale, place la Corée du Nord (4,37%), l'Ouzbékistan (3,97%) en tête de la "liste noire", car ces Etats ont délibérément institutionnalisé l'esclavage moderne dans leur modèle économique :
  • La Corée du Nord est pourvoyeuse de main d'œuvre corvéable sans limite (prisonniers politiques ou simples citoyens) dans les chantiers de construction au Moyen-Orient ou dans les usines de fabrication du secteur textile chinois (cf. Atmosphère Internationale de mars 2016).
  • L'Ouzbékistan continue à forcer sa population à travailler chaque année pour la récolte du coton, poumon de l'agriculture nationale.
C'est également le cas au Cambodge (cf. Atmosphère Internationale d'avril 2016), en Inde, et au Qatar où les migrants continuent à venir gonfler les rangs de la main d'œuvre surexploitée dans les entreprises et les foyers.

Sur le continent africain, on compte désormais une dizaine d'Etats à égalité dans la deuxième moitié du "Top 10" des pays les plus atteints en pourcentage de la population totale : Rép. Démocratique du Congo (RDC), Soudan, Irak, Afghanistan, Yémen, Syrie, Soudan du Sud, Somalie, Lybie, Centrafrique et Mauritanie. A noter que le Nigeria, bien que présentant un faible pourcentage de victimes de l'esclavage moderne par rapport à sa population totale, se positionne tout de même en 8ème place du classement en nombre absolu (875 500 individus).

En nombre d'individus justement, on retrouve sans surprise en tête de classement le quatuor des pays d'Asie les plus peuplés : Inde (18,3 M), Chine (3,39 M), Pakistan (2,13 M) et Bangladesh (1,53 M). Quatre pays qui couvrent à eux seuls une très large part des approvisionnements du commerce occidental.

Derrière le champion européen que sont les Pays-Bas, les gouvernements les plus impliqués dans la lutte contre l'esclavage moderne restent le Royaume-Uni, les Etats-Unis, la Suède et l'Australie, s'appuyant notamment sur la mise en place de législations contraignantes pour les entreprises : " UK Modern Slavery Act 2015 " ou le tout récent amendement aux Etats-Unis du " Tariff Act of 1930 " permettant de bloquer les importations de produits fabriqués dans des conditions de travail forcé.

Outre la responsabilité directe des gouvernements, l'étude souligne des liens de causalité associés à la dégradation des conditions sociales et environnementales tels que :
  • Destruction environnementale, catastrophes naturelles et traite des êtres humains ;
  • Impact des conflits armés sur le mariage forcé, l'exploitation sexuelle des femmes et des enfants et le phénomène des enfants-soldats ;
  • Effets directs du manque de système éducatif et d'opportunités d'emploi sur le développement du travail forcé
En 2016, l'augmentation importante des personnes déplacées dans le monde et des flux de migrants fuyant les conflits armés (cf. Atmosphère Internationale de mai 2016) ou la misère, a renforcé la vulnérabilité de ces populations aux différentes formes d'esclavage moderne.

* Rapport "Global Slavery Index 2016" à disposition de nos abonnés sur simple demande.
Avis de l'expert : Plus que jamais en cette période de conflits et de migrations de masse, et face à des pratiques récurrentes d'exploitation des êtres humains dans les pays à bas coût, l'entreprise qui veut lutter contre toutes les formes de l'esclavage moderne doit mettre en place des solutions spécifiques, adaptées à chaque pays d'opération, mais faisant partie intégrante d'un plan de vigilance plus global pour maîtriser les risques sociaux, éthiques et environnementaux dans sa supply chain internationale.

Certes les Etats ont toujours un rôle primordial à jouer en adoptant des réglementations qui, en interne, font peu à peu évaluer les comportements sociétaux en fixant des limites ou interdisant certaines pratiques.
A cet égard, l'application extraterritoriale de certaines réglementations comme le " UK Modern Slavery Act " (cf. Atmosphère Internationale de septembre 2015), et peut-être sous peu de la loi française sur le devoir de vigilance des multinationales (cf. Atmosphère Internationale de mars 2016) a un impact certain.
L'action des organisations internationales comme l'OIT (cf. Atmosphère Internationale de février 2016) ou l'OCDE sur les sujets de supply chain responsable, notamment d'interdiction du travail forcé, est primordiale (cf. Atmosphère Internationale d'octobre 2014).

Mais l'action des entreprises sur le terrain, dans leur sphère d'influence économique et principalement auprès de leurs partenaires dans les pays à risque, est un levier non moins important pour faire évoluer les choses dans le bon sens : le simple fait d'énoncer dans son code de conduite le refus du travail des enfants, la liberté de choix du travail, le rejet de toute forme d'esclavage moderne et de discrimination, l'exigence de protection des travailleurs les plus exposés (femmes, jeunes travailleurs, travailleurs migrants),etc. peut contribuer à faire bouger les lignes, dès lors qu'il est associé à des outils de contrôle et que les sanctions économiques sont clairement évoquées.

Les principaux référentiels RSE intègrent déjà une politique stricte en la matière à l’instar de SEDEX dont les principes ont été reconnus et adoptés en mai 2016 par le BSCI (Business Social Compliance Initiative).

Cette notion de "diligence raisonnable" (due diligence) appliquée de manière réfléchie et pragmatique par les opérateurs du commerce international, aura d'autant plus d'impact qu'elle sera mise en œuvre par des groupements d'entreprises au sein d'un même secteur et adoptée par les marques leaders.

Dans tous les cas, nos équipes le constatent au quotidien, il est très imprudent en termes de risque éthique d'attendre d'être contraint par la règlementation ou les exigences de vos clients/partenaires à identifier les risques d'esclavage moderne dans votre supply chain internationale : mal maîtrisé et géré dans l'urgence, le risque éthique peut avoir des conséquences catastrophiques sur votre écosystème économique au point de mettre en péril sa durabilité (cf. Atmosphère Internationale de juin 2014).

ACTE International, spécialiste en Global Supply Chain Management et cabinet d'audit international en RSEE (audit social, audit sécurité bâtiments, audit anti-corruption, et audit environnemental) vous accompagne dans la mise en place de vos politiques éthiques et de vos plans de vigilance en Asie, Afrique, Europe et Amériques.

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Source(s) : Walk Free Foundation (2016)
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