Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème RSEE INTERNATIONALE
 Pays MONDE  Date décembre 2014

Global Slavery Index 2014 : cartographie de l'esclavage moderne

Synthèse : Le rapport annuel "Global Slavery Index" (indice mondial de l'esclavage) publié en novembre 2014 par l'ONG internationale "Walk Free" estime que 35.8 millions de personnes réparties dans 167 pays sont actuellement victimes de l'esclavage moderne sous ses multiples formes : trafic d'êtres humains, travail forcé, servitude pour dette, mariage forcé, vente et exploitation des enfants,... Un phénomène qui touche particulièrement l'Asie et notamment les principaux pays de sourcing des chaînes d'approvisionnement internationales.

Le classement 2014 du Global Slavery Index*, exprimé en part de la population totale, place la Mauritanie (4%), l'Ouzbékistan (4%), Haïti (2.3%), le Qatar(1.4%), suivis de près par l'Inde (1.1%) et le Pakistan (1.1%) en tête de cette "liste noire".

En nombre d'individus, les 2/3 de la population soumise à l'esclavage moderne sont répertoriés en Asie, et plus de la moitié (55%) résident en Inde, en Chine ou au Pakistan. L'Indonésie, le Bangladesh et la Thaïlande ferment le ban de ce funeste Top 10, où l'on retrouve aussi l'Ouzbékistan et la Russie, ainsi que deux pays africains : Nigeria et RDC.

Les migrants du Bangladesh, du Népal, des Philippines viennent également gonfler les rangs de la main d'œuvre surexploitée dans les économies et foyers du Moyen-Orient : c'est la raison principale de la présence du Qatar, pays riche, stable et développé s'il en est, en fâcheuse position dans le classement par pourcentage de population...

Même si les pays occidentaux se situent plutôt parmi les "bons élèves" l'Europe n'est pas épargnée par le phénomène : l'exploitation sexuelle, le travail forcé dans le bâtiment ou dans les travaux agricoles sont le lot quotidien des migrants d'Europe de l'Est à la recherche d'une vie meilleure à l'Ouest.

Le rapport s'intéresse également aux politiques et programmes de lutte contre l'esclavagisme moderne mis en place par les gouvernements.
En dehors de la Corée du Nord, tous les pays se sont dotés de législations qui pénalisent au moins certaines formes d'esclavage, mais le niveau d'application réelle de ces lois est très variable d'un pays à l'autre. Parmi les plus investis sur le sujet, la Norvège s'est dotée d'un système holistique qui va jusqu'à accompagner les victimes dans leur réinsertion sociale ; les Etats-Unis, le Brésil ou l'Australie ont de leur côté mis en place des dispositions spécifiques dans leurs codes de marchés publics ou dans leur législation commerciale à destination des entreprises.

* Rapport "Global Slavery Index 2014" à disposition de nos abonnés sur simple demande.
Avis de l'expert : L'Organisation Internationale du Travail (OIT) estime que les profits illicites issus du travail forcé atteignent 150 milliards USD/an !

Si les entreprises européennes sont relativement peu souvent confrontées à ce problème sur leurs territoires nationaux en raison d'un arsenal juridique encadrant assez bien les grands principes universels de respect des droits humains, le niveau de risque est bien plus élevé en revanche côté supply chain !

Les donneurs d'ordre qui achètent ou font fabriquer leurs produits dans des pays où la main d'œuvre est abondante et à bas coût, y compris dans certains Etats membres de l'UE (Pologne, République Tchèque, Hongrie...) et d'Europe de l'Est (Kazakhstan, Azerbaïdjan, Moldavie...)**, sont très régulièrement confrontés à des systèmes d'exploitation illégale ou de travail forcé, souvent ancrés culturellement dans les pays de sourcing, voire institutionnalisés : emploi d'enfants ou de jeunes travailleurs dans des conditions dangereuses, exploitation de travailleurs migrants privés de leurs pièces d'identité et soumis à des horaires de travail et des salaires non conformes à la législation nationale, discrimination et surexploitation des minorités et des femmes, etc.

Dans le cadre de la diligence raisonnable ("due diligence") qui incombe à chaque entreprise responsable, il est impératif de mettre en place une politique et des outils afin de déceler les situations à risque dans la chaîne d'approvisionnement.

En France, diligence raisonnable et vigilance éthique du donneur d'ordre sur l'ensemble du périmètre d'activité sont les deux principes essentiels clairement identifiés comme devant être intégrés à la future législation en matière de RSE à l'horizon 2015 (cf. Atmosphère Internationale d'octobre 2014).

ACTE International a récemment développé ses activités d'audit et d'évaluation dans le domaine de la Responsabilité Sociale, Ethique et Environnementale à l'international : audit social 360°, audit anti-corruption, audit sécurité/incendie bâtiments, audit environnemental... Pour plus d'informations, consultez notre offre thématique "Audit RSEE Internationale".

** cf. "Textile Europe de l'Est : le salaire de la sueur !" (Atmosphère Internationale juin 2014)
Imprimer  S. THONNERIEUX
Source(s) : Walk Free Foundation (novembre 2014)
Tous droits réservés © ACTE International (2014)  |  Exonération de responsabilité