| Atmosphère Internationale la lettre de veille stratégique du commerce international Thème | RSEE INTERNATIONALE | Pays | MONDE | Date | janvier 2017 | | |
Indice mondial de Perception de la Corruption (IPC) 2016 | |
Synthèse : Comment a évolué le niveau de corruption ressenti dans vos pays d'approvisionnement depuis 2015 ? En 2016, vos principaux partenaires commerciaux à l'export ont-ils bénéficié d'un environnement des affaires "propre" ? Les pratiques administratives, douanières et commerciales des services publics de vos marchés cibles vous contraindront-elles à des compromis pour exporter en 2017 ? En tant qu'entreprise française, devrez-vous rendre des comptes à vos clients étrangers sur vos engagements anti-corruption ? L'Indice mondial de Perception de la Corruption (IPC) 2016 dans le secteur public vient d'être publié par l'ONG Transparency International : 176 pays ont été passés au crible pour évaluer leur degré de corruption "ressenti" sur une échelle de 0 à 100, du plus corrompu au plus vertueux. Au global, 69% des pays étudiés ont encore un niveau de corruption perçu inférieur à 50/100 (68% en 2015). Contrairement à 2015, en 2016, les pays dont l'indice de perception de la corruption a rétrogradé sont plus nombreux que ceux qui affichent une progression ! Bien qu'ils se situent majoritairement dans la partie basse du classement mondial, pour les principaux pays de sourcing en Asie la tendance générale est plutôt positive : alors que Myanmar (+6) Indonésie (+2), et Pakistan (+1) inscrivent leur progression dans la durée, Laos (+5), Chine (+3) et Inde (+2) affichent une amélioration sensible en 2016. A l'inverse, la situation au Cambodge (cf. Atmosphère Internationale d'avril 2016) et en Thaïlande reste très préoccupante, de même qu'en Malaisie et en Corée du Sud où les scandales de corruption ont éclaboussé les dirigeants politiques. On notera également un véritable effondrement de l'indice IPC de la Turquie où le climat socio-économique est en très nette dégradation depuis plusieurs années (cf. Atmosphère Internationale de juin 2016). Enfin, signalons que Qatar (-10), Bahreïn (-8) et Koweit (-8) se partagent le podium peu reluisant des pays où la perception de la corruption s'est la plus fortement accrue en 2016... * Rapport "Corruption Perception Index 2016" de Transparency International à disposition de nos abonnés sur simple demande. | |
Avis de l'expert : L'analyse de ces résultats par Transparency International met en exergue le lien de causalité entre montée des populismes, corruption et creusement des inégalités sociales, constituant un véritable cercle vicieux. Les pays les plus vertueux en matière de corruption sont ceux qui s'illustrent par la transparence au plus haut niveau de l'Etat, le respect des libertés civiles, une presse et un système judiciaire indépendants du pouvoir politique. A contrario, les mauvais élèves du classement sont les pays où règnent une corruption institutionnalisée (présente dans toutes les strates politiques, économiques et sociales), une gouvernance autocratique et des institutions faibles en raison de leur dépendance au pouvoir politique. Critiquée pour mener une politique anti-corruption desservant principalement les intérêts des dirigeants en place, la Chine sort son épingle du jeu par une forte médiatisation des actions gouvernementales en matière de lutte contre la corruption dans son propre appareil politique (cf. Atmosphère International de juillet 2015). Selon une autre approche, moins autoritaire, l'Inde semble commencer à cueillir les fruits des mesures d'assainissement et de transparence de la sphère politico-économique engagées depuis l'arrivée au pouvoir du Premier ministre N. Modi (cf. Atmosphère International de mars 2016). En Europe et Asie Centrale, pas de changement drastique : alors que l'Ukraine progresse légèrement dans le bas du tableau, les pays des Balkans (dont certains sont entrés dans le schéma de cumul diagonal de l'origine préférentielle EUROMED de l'UE en 2016) sont montrés du doigt par l'ONG pour les liens opaques entretenus entre politiciens omnipotents, hommes d'affaires fortunés et chefs mafieux. La France stagne toujours à la 23ème place du classement mondial bien que son indice IPC 2016 régresse légèrement : Transparency International a toutefois salué dans un rapport de décembre dernier les avancées incontestables de l'Hexagone en matière de lutte anti-corruption ! Depuis la promulgation de la loi Sapin 2 (cf. Atmosphère Internationale de novembre 2016), les entreprises françaises à partir de 500 employés et 100 M€ de CA sont tenues de mettre en place un plan de prévention de la corruption, afin de prévenir et détecter la commission en France ou à l'étranger de faits de corruption ou de trafic d'influence. La cartographie des risques d'exposition de l'entreprise aux risques de sollicitation externes par des interlocuteurs publics ou privés, est la pierre angulaire, avec le Code de Conduite éthique, de tout le système de prévention défini par cette réglementation. Plus que jamais, l'Indice de Perception de la Corruption de Transparency International apparait comme un outil indispensable de vigilance et de diligence raisonnable, que les entreprises doivent connaître, comprendre et intégrer dans leur cartographie des risques éthiques, sociaux et politiques au sein de leur supply chain internationale. | |
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