Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème REGLEMENTATIONS DOUANIERES
 Pays UE / MONDE  Date novembre 2016

Contrefaçon import UE : bilan 2015 des douanes communautaires

Synthèse : Horlogerie, maroquinerie, habillement, cigarettes, jouets et parfums : 6 catégories de produits qui constituent la majeure partie des 640 M€ de contrefaçons stoppées aux frontières de l'UE en 2015... En augmentation de 25 M€ (+4%) ! Selon la Commission européenne, le nombre d'articles contrefaits saisis (40,7 millions) est en hausse de 14,5% par rapport à 2014. Est-ce à dire que le volume de trafic augmente ? Pas si sûr...

Seulement 81 000 interventions anti-contrefaçon ont été diligentées par les douanes communautaires en 2015, soit une baisse de près de 15% par rapport à l'année précédente (voir schéma ci-contre).

Sans surprise, les origines Chine et Hong Kong restent largement en "tête de peloton" avec plus de la moitié des produits contrefaits, constituant près de 80% de la valeur des saisies toutes catégories d'articles confondues.

En dehors des produits alimentaires et boissons, la Malaisie (produits de soin corporel), la Turquie (vêtements), le Monténégro (cigarettes) et l'Inde (médicaments) sont également dans le groupe de tête des origines frauduleuses.

Plus de 85% des produits sont saisis au cours des formalités en douane à l'importation, et près de 12% pendant leur transit sur le territoire communautaire.
Mais tous les pays de l'Union européenne ne sont pas logés à la même enseigne : la France et la Grèce sont, à égalité (15%), les deux Etats membres où ont été saisis le plus d'articles contrefaits en 2015. L'Allemagne et la Belgique détiennent pour leur part le record du nombre d'interventions.

Enfin, si le transport maritime conteneurisé représente encore les 3/4 du nombre d'articles interceptés par les douanes et plus de la moitié de leur valeur, il reste marginal en nombre de cas constatés (3%) par rapport aux envois postaux (70,5%) !

* "Report on EU customs enforcement of intellectual property rights - Results at the EU border 2015" à disposition de nos abonnés sur simple demande.
Avis de l'expert : Malgré leur faible évolution par rapport à 2013 (cf. Atmosphère Internationale de novembre 2014), les statistiques communautaires en matière de lutte anti-contrefaçon pour l'année 2015 ne sont pas si mauvaises : moins de contrôles pour plus d'articles saisis... et 25 M€ en moins dans la poche des fraudeurs !

Bien entendu, personne ne croira que 100% du trafic a été stoppé aux frontières par l'administration douanière en 2015... Mais on peut commencer à entrevoir une possible amélioration de l'efficacité du combat contre ce fléau économique.

La coordination des moyens de lutte s'intensifie au niveau communautaire, et les opérateurs suspects sont de plus en plus facilement identifiés au sein des flux logistiques internationaux conventionnels (maritime, aérien, routier) : le déploiement de l'agrément Opérateur Economique Agréé (OEA) dans l'UE est probablement un des facteurs qui améliorent progressivement la transparence des échanges.

En revanche, l'importation de produits contrefaits sous forme d'envois fragmentés (colis postaux, messagerie express) est toujours en plein boom, et préoccupe fortement les autorités douanières, ainsi que les institutions en charge du contrôle sanitaire et de la protection civile. Pourtant les mailles du filet se resserrent...
  • Depuis le 1er janvier 2014, le règlement UE N° 608/2013 introduit une procédure spécifique permettant la destruction systématique des marchandises présumées contrefaisantes faisant l’objet de petits envois.
  • Un nouveau règlement sur le contrôle du respect des Droits de Propriété Intellectuelle (DPI) lors du dédouanement est applicable dans l'UE depuis le 1er janvier 2015 : il renforce la légitimité des autorités à contrôler des marchandises suspectées de contrefaçon ou d'atteinte aux DPI.
  • En France une convention de coopération entre la Douane et l'Union Française de l'Express (UFEX) a été signée en avril 2016 : cette convention prévoit la mise en place de dispositifs de détection des infractions douanières sur les flux d'importation des opérateurs du fret express (cf. Atmosphère Internationale d'avril 2016).
On peut donc considérer que la question du trafic de marchandises contrefaites via Internet est traitée avec sérieux (cf. Atmosphère Internationale de novembre 2014).

Cependant, malgré l'Accord Commercial Anti-Contrefaçon (ACAC) lancé en 2011 (cf. Atmosphère Internationale de novembre 2014), les choses avancent encore très lentement à l'échelle internationale : les intérêts entre pays occidentaux et asiatiques (Chine et Inde en tête) sont évidemment divergents et freinent toute avancée probante... La question des DPI constitue d'ailleurs systématiquement un "point chaud" dans les négociations d'accords commerciaux nord-sud, qu'ils soient bilatéraux ou discutés multilatéralement au sein de l'OMC.
Imprimer  A. LE ROLLAND / M. ANTIER
Source(s) : Commission européenne (septembre 2016)
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