Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème ECONOMIE
 Pays CHINE  Date septembre 2015

Crise chinoise : attention à l'onde de choc !

Synthèse : Selon les statistiques de la douane chinoise, après une première baisse de 7% au premier semestre 2015, l'excédent commercial de la Chine a encore chuté de 10% en juillet dernier... Sans aucun espoir de reprise significative d'ici la fin de l'année selon les économistes du fait du ralentissement de la demande mondiale.

L'industrie lourde, notamment les secteurs de l'acier et du ciment, tourne au ralenti suite à la crise du marché immobilier et au ralentissement des projets nationaux de développement d'infrastructures orientées à l'export.
En parallèle, les autorités chinoises doivent fermer des centrales de charbon et des usines sidérurgiques trop polluantes tout en préservant le niveau de l'emploi.

Très centrée sur les exportations (cf. Atmosphère Internationale d'avril 2015), la Chine a tout fait pour pousser la demande intérieure dans son plan quinquennal 2011-2015 notamment en augmentant le niveau des rémunérations et des conditions sociales des travailleurs (cf. Atmosphère Internationale de novembre 2013). Pour profiter pleinement de cet effet de levier sur la consommation des classes moyennes et supérieures, des décisions telles que la réduction des droits de douane à l'importation sur certains produits de luxe ont été prises récemment par les autorités (cf. Atmosphère Internationale de juillet 2015).

Le gouvernement chinois a également encouragé les particuliers à se tourner vers la bourse pour orienter l'épargne des ménages vers l'économie productive et les besoins de financement des entreprises chinoises : en 1 an, la bourse de Shanghai s'est envolée de 150%... Une bulle qui a éclaté au début de l'été (cf. Atmosphère Internationale de juillet 2015) !

Le 11 août dernier, le yuan a été dévalué de 2% à la surprise générale. Une nouvelle dévaluation de 2% est envisagée d'ici fin 2015, ce qui ramènerait le yuan autour des 6.50 CNY/USD, les autorités jugeant ces dépréciations nécessaires pour regagner... de la compétitivité à l'export ! Certains analystes estiment même que la monnaie chinoise pourrait tomber à 6.80 CNY/USD d'ici un an.
La dévaluation du yuan vise à relancer les exportations : mais encore faudrait-il qu'il y ait une vraie reprise de la demande...

Enfin, la Banque populaire de Chine (BPC) a annoncé fin août la baisse de ses principaux taux d'intérêt et une réduction des taux de réserves obligatoires des banques pour la deuxième fois en deux mois : des mesures de soutien au crédit et à l'activité économique visant à amortir la chute des marchés boursiers.
Avis de l'expert : Le plongeon de la bourse de Shanghai durant l'été dernier a entraîné la chute des marchés européen et américain. Les investisseurs sont de plus en plus inquiets sur la croissance mondiale et il y a de quoi !
L'économie mondiale est devenue globale, et la moindre défaillance chez les acteurs majeurs (Etats-Unis, UE et Chine) depuis ces dernières années, déstabilise l'ensemble des équilibres financiers et commerciaux internationaux.

Les investisseurs qui constatent que l'indicateur manufacturier de référence est à son plus bas niveau depuis 6 ans sont convaincus que la Chine connaît " l'atterrissage brutal " tant redouté. Pourtant, nombreux sont les pays qui envient le taux de croissance de l'économie chinoise flirtant encore avec les 7% !

La baisse de l'activité industrielle chinoise a des répercussions sur le cours des matières premières et impacte fortement les pays fournisseurs, dont beaucoup ont des économies fragiles du fait de la faible diversification de leurs revenus.

En revanche cela peut présenter des avantages en termes de prix de revient pour les acheteurs / importateurs européens : baisse du prix d'achat des produits finis, des coûts de transport et des surcharges de fret liées au cours du pétrole (Bunker Adjustment Fee - BAF).

Côté marché export, la dévaluation du yuan ne constitue pas une opportunité pour les exportateurs puisqu'elle augmente mécaniquement les prix de vente sur le marché chinois. La récente baisse des droits de douane à l'importation de certains produits sur le territoire chinois offre toutefois actuellement un angle de pénétration inespéré pour les grandes marques du luxe !

A noter enfin que les zones où la Chine a fortement investi ces dernières années, et notamment l'Afrique subsaharienne, vont être obligées de modifier leurs stratégies de développement en diversifiant leurs partenariats et sources de financement (cf. Atmosphère Internationale de septembre 2015).

Au-delà des chiffres et des indicateurs économiques, c'est probablement le sentiment que les autorités chinoises perdent le contrôle de la situation qui inquiète le plus les experts : les principales décisions politiques impactant l'économie du pays ces 10 dernières années n'ont eu des effets qu'à court terme, et ont souvent déstabilisé par leur soudaineté les partenaires et investisseurs internationaux.

La Chine a fait preuve ces dernières décennies d’une grande faculté d’adaptation et d'une forte réactivité : il va falloir désormais qu’elle consolide ses fondements et développe, elle aussi, sa capacité de résilience...
Imprimer  D. CAMMARANO
Source(s) : Divers media (septembre 2015)
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