Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème RSEE INTERNATIONALE
 Pays MYANMAR (BIRMANIE)  Date avril 2016

Risque éthique : le Myanmar doit encore faire ses preuves

Synthèse : Le Myanmar (ex-Birmanie) fait ses premiers pas de pays démocratique grâce à l'accession au pouvoir du parti d'Aung San Suu Kyi (NLD*) en novembre dernier, et la nomination fin mars de Htin Kyaw, son bras droit et ami, à la présidence. Dans son manifeste électoral, la "Dame de Rangoon" avait annoncé qu'elle poursuivrait les efforts réalisés depuis 2010 par le précédent gouvernement pour encourager l'investissement étranger et les échanges internationaux afin de contribuer au développement du pays, mais pas à n'importe quel prix ! Un engagement politique qui se confronte aujourd'hui au pragmatisme économique...

La nouvelle équipe au pouvoir hérite ainsi de l'épineux problème des Zones Economiques Spéciales (SEZ - Special Economic Zones) développées pour accueillir les investissements de la zone ASEAN**, principalement en provenance de Chine, de Thaïlande et du Japon, dans les secteurs manufacturier, de l'extraction minière, de l'énergie ou de l'industrie lourde.

Or, ces ZES profiteraient bien plus aux intérêts des investisseurs des pays voisins qu'à ceux des populations locales, déplacées et paupérisées pour faire de la place... Organisées en associations et soutenues par des ONG birmanes et internationales, ces dernières dénoncent depuis le début le manque de transparence et de concertation, et accusent les autorités de procéder à des expropriations forcées, peu ou pas compensées, des relocalisations dans des conditions inhumaines et des atteintes irréversibles à l'environnement.

Même si les investisseurs, chinois notamment, ont annoncé vouloir mettre en place de bonnes pratiques en matière de protection sociale et environnementale, la grogne des laissés-pour-compte ne faiblit pas et le gouvernement va devoir prendre une décision : poursuite du développement des ZES aux conditions initiales, ou remise en question partielle... ou totale !

Toute la communauté internationale (Etats, organisations internationales, entreprises et ONG) est en veille pour observer la réalité de l'engagement éthique, social et environnemental du nouveau pouvoir birman.

* NLD : National League for Democracy
* ASEAN (Association of Southeast Asian Nations) : Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Brunei, Vietnam, Myanmar, Laos et Cambodge.
Avis de l'expert : Si les conditions sont encore loin d'être optimales (faiblesse des infrastructures logistiques et énergétiques, corruption généralisée, faible protection légale, etc.), la position géostratégique du pays, ses richesses naturelles et les très faibles coûts de main-d'œuvre qui y sont pratiqués (cf. Atmosphère Internationale de juillet 2015) font du Myanmar une option de sourcing de plus en plus séduisante pour les donneurs d'ordre internationaux.

Sous la pression internationale, le lâcher-prise progressif de la junte militaire sur le pouvoir politique a permis un réchauffement des relations diplomatiques internationales. Il y a 4 ans, nous avions relevé que le Myanmar commençait à "sortir de l'ombre" sur la scène économique (cf. Atmosphère Internationale de mars 2012) : la situation s'est depuis embellie avec, successivement, le rétablissement des préférences tarifaires totales à l'importation dans l'UE en 2013 (cf. Atmosphère Internationale d'août 2013), et la levée partielle de l'embargo américain, notamment sur les activités logistiques internationales du port de Yangon fin 2015 (cf. Atmosphère Internationale de décembre 2015).

Les défis à relever par le nouveau gouvernement sont nombreux car les attentes de la population birmane et de la communauté internationale sont très fortes.

D'un côté, il se doit de respecter ses engagements électoraux envers une population qui a voté massivement pour la figure emblématique d'Aung San Suu Kyi et les valeurs qu'elle a toujours portées : cela passera par une nouvelle constitution, une réforme de l'appareil d'Etat et du système judiciaire en particulier, l'application effective des lois sur l'organisation du travail et le règlement des conflits ("Labor organization law" et "Settlement of labour disputes law") et une lutte sans faille contre la corruption à tous les niveaux (cf. Atmosphère Internationale de février 2016).

De l'autre, les entreprises étrangères dont le pays a besoin pour asseoir plus solidement son développement économique sont en droit d'attendre plus de protection juridique de leurs investissements, une amélioration des infrastructures, et la réforme du système financier basé sur des taux d'intérêt très élevés.

Un sujet commun devrait rencontrer l'approbation de tous : c'est la nécessaire prise en compte des droits et besoins des populations locales, travailleurs de l'industrie ou de l'agriculture, qui ne veulent pas être exclus du bénéfice des progrès qui accompagnent la nouvelle ère politique, et demandent la stricte application des lois nationales et des engagements internationaux en matière de respect des droits de l'homme et de l'environnement.

Ne ratez pas notre séminaire Web gratuit du 19/05/2016 sur le thème International Trade Compliance Manager

ACTE International, spécialiste en Global Supply Chain Management et cabinet d'audit international en RSEE (audit social, audit sécurité bâtiments, audit anti-corruption, et audit environnemental) vous accompagne dans la mise en place de vos politiques éthiques et de vos plans de vigilance en Asie, Afrique, Europe et Amériques.

Consultez en ligne notre offre de formations 2016 sur la thématique RSEE Internationale et prévention de la corruption.

Commandez nos fiches Profil RSE Pays mises à jour en mars 2016.
Imprimer  S. THONNERIEUX
Source(s) : Business and Human Rights Resources Centre (avril 2016)
Tous droits réservés © ACTE International (2016)  |  Exonération de responsabilité