Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème TRANSPORT INTERNATIONAL / LOGISTIQUE
 Pays AFRIQUE  Date mars 2016

Grands ports africains : une bataille navale qui se gagnera... à terre !

Synthèse : Si le commerce maritime africain ne représente encore aujourd'hui que 5% des flux mondiaux et 7% du trafic conteneurisé, sa croissance annuelle de 11% depuis 15 ans dans les ports ouest-africains témoigne d'une dynamique qui ouvre de réelles perspectives de développement au continent... mais pose un véritable défi pour la prochaine décennie : plus du tiers des Etats africains n'ont pas de façade maritime ! Au delà des points d'accès et de sorties incontournables que représenteront à l'avenir les nouveaux complexes industrialo-portuaires de la côte, le principal enjeu pour les acteurs publics et privés du commerce international réside donc dans l'interconnectabilité des réseaux logistiques.

Pour répondre à la forte croissance du trafic maritime sur les côtes africaines, plusieurs pays et opérateurs privés n'ont pas hésité à miser sur un nouveau type de site portuaire : les méga-ports ou projets "Greenfield".

Ces infrastructures, développées ex nihilo, disposent d'immenses surfaces foncières avec des profondeurs d'eau naturelle sans contrainte d'enchâssement métropolitain. En plus de leur désolidarisation physique des ports "de ville", elles vont bénéficier de vastes zones économiques adjacentes (pôle industrialo-tertiaire) : réseaux d'infrastructures routières et ferroviaires propres, zones franches et logistiques Multi-Flux (ZLMF), Zones Economiques Spéciales (ZES) et industrielles permettant d'augmenter la part de transformation des produits.

Parmi ces projets en cours de construction ou d'achèvement on trouve les ports de Lekki et Badagry au Nigeria, ou encore Kribi au Cameroun.

Les nouveaux complexes portuaires devront palier les faiblesses du commerce maritime africain en
  • adaptant les infrastructures lourdes à l'évolution des flottes maritimes conteneurisées internationales (cf. Atmosphère Internationale d'octobre 2015);
  • rehaussant les capacités opérationnelles de gestion des navires, des marchandises et des escales sur la base des standards qualitatifs et quantitatifs internationaux;
  • réduisant les "transit time" vers les principaux marchés d'Europe et d'Asie, ainsi que les coûts indirects liés notamment à la congestion des terminaux et la durée de mise à quai.
Ils intègrent également, et ce dès l'origine, l'interconnectabilité des flux avec les ports secs de l'hinterland et une gestion plus fluide des marchandises pré et post-acheminement via de nouveaux corridors logistiques associés aux réseaux routier et ferré nationaux et transnationaux.
Avis de l'expert : Les années à venir annoncent une concurrence d'un nouveau genre entre complexes portuaires africains mais aussi et surtout entre grands opérateurs privés de la logistique et de la manutention. La côte ouest-africaine devrait être le théâtre d'affrontements entre terminaux avec, selon les experts, son lot de victimes potentielles : Douala, Libreville, Cotonou... voire Dakar.

Car là où les ports "historiques" avaient pour fonction de desservir les arrière-pays nationaux, les méga-ports affichent clairement leur stratégie sous-régionale !
Certains ont toutefois lancé d'ambitieux projets d'extension et de modernisation afin de tenter de s'aligner sur la concurrence... Mais au-delà du déficit structurel des ports traditionnels africains, l'effort nécessaire de réorganisation administrative (incluant la question de la corruption) et d'optimisation de la gestion opérationnelle est clairement un handicap face aux projets flambant neufs dotés de schémas opérationnels performants !

Enfin, une des composantes du nouveau visage maritime africain repose sans nul doute sur l'intensification ou non des échanges et des investissements chinois sur le continent. Certains Etats sont déjà allés très loin dans leur partenariat avec la Chine (cf. Atmosphère Internationale de novembre 2014), mais le ralentissement de l'économie de l'Empire du Milieu pourrait avoir des conséquences importantes sur la dynamique de développement en termes d'infrastructures de transport (cf. Atmosphère Internationale de septembre 2015). Il faudra donc rester attentif aux intérêts chinois et leur implication dans le développement des échanges intra-africains...

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Imprimer  M. FOURCADE
Source(s) : www.lesafriques.com / magazinedelafrique.com (novembre 2015)
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