Synthèse : Pour de nombreuses entreprises françaises et européennes, l'Afrique est aujourd'hui synonyme d'opportunité de développement. Pourtant, certains facteurs structurels brident toujours leur déploiement sur le continent... au premier rang desquels, la stabilité politique et la qualité de gouvernance. En 2016, 13 élections présidentielles devraient avoir lieu en Afrique subsaharienne : une situation géopolitique complexe qui risque de modifier à court terme la carte des risques et opportunités pour les acteurs internationaux.
 Malgré les récentes élections en Côte d'Ivoire qui confortent un sentiment d'optimisme (cf. Atmosphère Internationale d'octobre 2015), d'autres laissent toujours planer le doute. Dernier pays à passer le test en 2015, le Burkina-Faso, quelques mois seulement après un putsch militaire. Pour la Centrafrique (décembre 2015) le chaos déjà installé laisse peu de doutes quant à la finalité de l'exercice...
2016 sera l'année de tous les risques : 13 élections présidentielles (et presque autant de législatives) sont prévues sur la zone subsaharienne (voir carte). Si certaines n'impacteront pas outre mesure le contexte socio-économique local et régional, d'autres pourraient venir fortement perturber les efforts de développement et d'ouverture entrepris depuis plusieurs années pour favoriser une dynamique d'émergence du continent (cf. Atmosphère Internationale de septembre 2015).
Malgré la volonté des forces vives africaines de voir évoluer favorablement les conditions du développement économique de leur pays, certains dirigeants n'hésiteront pas à se maintenir coûte que coûte au pouvoir... quitte à étouffer dans l'œuf les initiatives locales, régionales et internationales visant à désenclaver certains pays, et réduire à néant les premières prises de contact en vue de partenariats stratégiques avec des investisseurs extérieurs (cf. Atmosphère Internationale de juillet 2015). | Avis de l'expert : Hormis le nombre important d'élections présidentielles sur une même année, ce qui inquiète particulièrement les observateurs c'est la proximité géographique des pays qui vont se lancer dans cet exercice démocratique. Frontaliers de zones " instables " pour la plupart (ou instables eux-mêmes), ils chevauchent trois régions du continent. Quand le Niger et le Tchad sont engagés sur deux fronts (organisations terroristes sahéliennes au nord et secte Boko Haram au sud), le Gabon et le Congo verront une opposition politique très dure, la RDC et la Somalie faisant toujours office de champs de bataille pour les guérillas.
Une grande partie des difficultés pour approcher ce continent réside dans cet échéancier et le doute qu'il amène à chaque fois. Il n'y a pas de solutions miracles : certains pays ont trouvé la recette, parfois éphémère parfois enracinée, mais il est indéniable que pour leur permettre de (re)trouver un cercle économique vertueux, principalement par le biais de partenariats industriels et financiers, la stabilité politique est nécessaire.
La qualité de la gouvernance entre elle aussi en jeu : au-delà des orientations économiques, il s'agit surtout pour les acteurs internationaux de pouvoir se fier à une stratégie de long terme, permettant une meilleure lisibilité des opportunités et améliorant sensiblement le climat des affaires. Les efforts de certains gouvernements africains actuels pour réformer et mettre à niveau compétences et infrastructures sont payantes... à condition qu'elles puissent se poursuivre dans la durée.
L'ambitieux projet d'intégration économique Tripartite Free Trade Area (TFTA) regroupant 26 pays africains autour d'un traité de libre-échange pourrait notamment prendre du retard en cas de complication des rapports diplomatiques à l'issue des différentes élections (cf. Atmosphère Internationale de juillet 2015)...
Le niveau de risque pour les entreprises européennes qui se projettent actuellement en Afrique va donc fortement évoluer dans de nombreux pays du continent dans les deux prochaines années : en bien ou en mal... toute la question est là ! Certains points "chauds" seront évidemment à surveiller de près, notamment vis-à-vis des conséquences possibles des tensions voire des affrontements liés aux résultats des élections sur l'équilibre de la région.
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