Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème COMMERCE INTERNATIONAL
 Pays UE / AFRIQUE  Date septembre 2016

Libre échange UE / Afrique : des négociations sous pression !

Synthèse : L'Union européenne accélère ses négociations avec les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) dans le nouveau cadre des Accords de Partenariat Economique (APE). Un axe stratégique de développement pour Bruxelles qui tente, avec ses armes, de préserver ses chances de bénéficier de l'émergence tant attendue de l'Afrique subsaharienne... et de son impact espéré sur la dynamique économique communautaire.

Dernière avancée significative en date, la ratification par le Parlement européen de l'APE entre l'UE et un sous-groupe de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) le 14/09/2016. Il ne "reste plus" qu'au Conseil européen et aux six pays africains (Botswana, Lesotho, Mozambique, Namibie, Afrique du Sud et Swaziland) à l'approuver officiellement pour qu'il entre en application, et donne droit aux produits originaires de ces pays à un accès au marché communautaire en franchise totale de droits de douane.

A l'exception toutefois de l'Afrique du Sud qui bénéficiait déjà d'un accord de libre-échange avec l'UE, et profitera pour sa part de conditions encore plus souples d'obtention de l'origine préférentielle.

Les États africains signataires accordent eux, en revanche, un accès plus limité à leur marché : seuls les produits non fabriqués en Afrique et considérés comme nécessaires au développement économique seront concernés, soit 74% à 86% selon les pays.

Les notions de développement durable et de respect des droits de l'homme font partie intégrante de l'accord, engageant l'ensemble des signataires à promouvoir les normes sociales et environnementales. Un soutien financier de l'Union européenne est prévu pour aider les pays partenaires dans ce domaine.

* Communiqué de presse "L’UE signe un accord de partenariat économique avec les pays d’Afrique" (Commission européenne - juin 2016) à disposition de nos abonnés sur simple demande.
Avis de l'expert : Les Accords de Partenariat Economique ont vocation à remplacer le système précédent d'accès au marché communautaire consistant en préférences unilatérales pour les pays ACP : les Accords de Cotonou (2000) comprenaient un volet commercial dans lequel était déjà mentionnée la mise en place des accords APE entre l'UE et chacun des sept sous-ensembles des pays ACP à échéance 2007 : Cependant, les négociations ont duré bien plus longtemps que prévu, et ce n'est qu'en 2014 que l'accord APE avec une partie seulement des Etats africains membres de la SADC (sans l'Angola) a été conclu : les pays d'Afrique australe ont bataillé ferme pour protéger leur économie d'une ouverture commerciale ne profitant qu'aux exportateurs européens.

L'Union européenne, qui tend à développer ce type d'accord, envoie par la même occasion un message aux autres pays et groupements économiques africains avec lesquels des négociations sont en cours pour la signature et la mise en application d'accords APE :

En Afrique de l'Ouest, la Côte d’Ivoire a adopté, le 11/08/2016, un projet de loi autorisant la ratification de l’APE intérimaire avec l'UE : un accord pourtant signé en 2008, mais non ratifié dans l’attente de la finalisation d’un APE régional au niveau de la CEDEAO, en cours depuis 2014...

En Afrique Centrale, le Cameroun est plus avancé dans la mise en œuvre de son APE bilatéral avec l'UE puisque les exonérations douanières prévues par l'accord sont entrées en vigueur le 04/08/2016.

A l'inverse, la Tanzanie, deuxième économie de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) a récemment annoncé qu'elle se retirait des négociations en cours avec l'UE... Une information relayée par la Chine qui, même freinée dans sa stratégie d'implantation en Afrique pour des raisons de ralentissement économique (cf. Atmosphère Internationale de septembre 2015), compte bien préserver ses intérêts sur le continent !

Selon Bruxelles, l'Accord de Cotonou a considérablement contribué à l'éradication de la pauvreté, à l'appui à l'intégration des pays ACP dans l'économie mondiale, ainsi qu'au renforcement de la capacité des organisations régionales à intervenir dans la gestion des conflits. Il n'empêche que les nouveaux Accords de Partenariat Economique offriront un accès privilégié aux ressources naturelles et minières qui constituent actuellement l'essentiel des exportations africaines avec les produits agricoles.

La réticence de nombreux pays africains à ouvrir leur marché à ce qui pourrait ressembler à un nouveau type de colonialisme économique, est un des aspects qui rendent complexes et sensibles les négociations. Des crispations souvent exacerbées par des tensions politiques au sein des groupes régionaux, susceptibles de vouer à l'échec plusieurs années de négociations multilatérales (cf. Atmosphère Internationale de novembre 2015). Sans parler des pressions croisées exercées sur les décideurs par les partenaires chinois... et indiens (cf. Atmosphère Internationale de novembre 2015) !

L'Union européenne avance donc en terrain miné, mais peut se targuer de belles avancées lorsqu'elle entame des pourparlers bilatéraux avec des partenaires ciblés sur le territoire africain.

Le récent déplacement du Premier ministre français à Dakar pour resserrer les liens entre la France et le Sénégal s'inscrit clairement dans cette démarche.

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Imprimer  M. FERREOL / D. LEGRAS / M. ANTIER
Source(s) : www.europarl.europa.eu / europa.eu / ec.europa.eu (juin 2016)
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