Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème RSEE INTERNATIONALE
 Pays ETHIOPIE  Date juin 2015

Ethiopie : le mirage d'une industrialisation "propre" ?

Synthèse : Le gouvernement éthiopien a annoncé récemment qu'il s'engageait à réduire de 64% l'émission du dioxyde de carbone (CO2) d'ici 2030. Une annonce unanimement saluée par la communauté internationale : l'Ethiopie est ainsi le 3ème pays africain et le 12ème mondial à présenter sa contribution pour la réduction des changements climatiques en vue de la COP21*. Mais un pays en voie de développement peut-il ambitionner d'atteindre ces chiffres sans ralentir sa croissance économique ?

Selon les statistiques de la Banque Mondiale**, l'Ethiopie aurait multiplié par 3 ses émissions de CO2 entre 1995 et 2010... Un bilan sur 15 ans qui n'incite guère à l'optimisme, même si au niveau régional, le pays peut encore se targuer de n'émettre que la moitié du dioxyde de carbone rejeté annuellement par son voisin kenyan **.

Dans son plan de réduction des émissions de CO2, le gouvernement éthiopien annonce tout d'abord vouloir accorder une priorité aux énergies renouvelables : le solaire et l'éolien dans ses infrastructures et son approvisionnement énergétique, mais surtout l'hydraulique avec la construction du plus grand barrage du monde sur le Nil.
Les forêts et la faune sauvage sont également pris en compte avec la multiplication des programmes de protection et de promotion des aires protégées.

* COP 21 : La France présidera la 21ème Conférence des Parties de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 2015(COP21/CMP11) : cette échéance doit aboutir à l’adoption d’un premier accord universel et contraignant sur le climat pour maintenir la température globale en deçà de 2°C.

** cf. site de l'Université de Sherbrooke (Canada)
Avis de l'expert : En pleine dynamique de développement, l'Ethiopie arrivera-t-elle à conjuguer industrialisation rapide et déploiement des infrastructures avec autosuffisance alimentaire et protection de l'environnement ? Un immense défi pour le deuxième Etat le plus peuplé d'Afrique dont les 3/4 de la population éthiopienne n'a pas encore accès à l’électricité...

L'Etat, encore largement tributaire de l'aide alimentaire internationale, souhaite engager un plan ambitieux pour doubler la production agricole d'ici à cinq ans. Mais passer à une agriculture "intensive" implique généralement de trouver des terrains (déforestation) et d'utiliser des produits chimiques (pesticides) pour augmenter la productivité. Certaines cultures destinées à l'exportation pourraient d'ailleurs faire concurrence à l'agriculture vivrière.

Par ailleurs, l'industrie éthiopienne et les infrastructures qui l'accompagnent se développent massivement "main dans la main" avec la Chine (cf. Atmosphère Internationale d'avril 2015) : il est difficile d'imaginer la place que vont occuper les préoccupations environnementales (promotion des énergies propres, réglementations environnementales, contrôles des émissions de CO2,...) dans un tel contexte.

Beaucoup d'éléments factuels montrent que le défi environnemental que s'est lancé le gouvernement éthiopien est encore loin d'être relevé, mais le pays qui bénéficie actuellement d'une belle dynamique de développement pourra certainement compter sur d'importants soutiens : organismes internationaux, partenaires économiques, ONG,...

D'autant que, malgré un profil logistique complexe (cf. Atmosphère Internationale de juin 2013), l'Ethiopie commence à avoir la cote en tant que pays de sourcing auprès des donneurs d'ordre internationaux du secteur du cuir (cuirs finis, chaussures et articles de maroquinerie), de plus en plus nombreux à passer commande aux usines éthiopiennes, voire à implanter des unités de production en profitant du savoir-faire local et du faible niveau de salaire (cf. Atmosphère Internationale de mai 2013).
Un engouement qui a récemment incité l'Association Française des Techniciens des Industries de la Chaussure (AFTIC) à envoyer une délégation à Addis-Abeba dans le cadre d'un voyage technologique.

En tout cas, nombreux seront les pays, émergents ou futurs émergents, en Afrique et dans le reste du monde, qui pourraient s'inspirer de l'exemple éthiopien d'une "croissance propre" basée sur une véritable politique nationale de développement durable... en cas de succès.

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Imprimer  M. FOURCADE
Source(s) : www.africatopsuccess.com (juin 2015)
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