Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème RSEE INTERNATIONALE
 Pays BANGLADESH  Date février 2016

Sourcing Bangladesh : un risque éthique toujours très élevé

Synthèse : L'industrie textile au Bangladesh a encore fait les grands titres de la presse le 2 février dernier : un nouvel incendie a ravagé les locaux d'une usine de vêtements, fournisseur de grandes marques internationales du prêt-à-porter... sans faire de victime. Un accident qui survient quelques jours seulement après la parution d'un rapport accusateur de Clean Clothes Campaign contre le leader mondial de la "Fast Fashion".

L'incendie qui s'est déclaré dans l'usine MATRIX Sweaters juste avant que les 6000 ouvriers ne prennent leur poste n'aura donc, cette fois, pas fait de victime. Mais l'impact médiatique est fort, car le collectif d'ONG Clean Clothes Campaign venait juste de dénoncer l'incapacité de H&M à mener correctement les plans d'actions correctives dans les unités de fabrication de ses principaux fournisseurs.

L'usine de Gazipur avait pourtant fait l'objet d'un premier audit de sécurité en 2014 par l'Alliance*, et d'audits de suivi menés par l'Accord**, dont le dernier en date mentionne qu'une très faible part des réparations nécessaires à la sécurisation du bâtiment avait été réalisées en 2 ans... notamment sur les aspects sécurité électrique et risques d'incendie.

*Alliance for Bangladesh Workers Safety : initiative de 27 grandes marques américaines du textile pour améliorer les conditions de sécurité des ouvriers au Bangladesh.
**Accord sur la sécurité incendie et bâtiment au Bangladesh : initiative d'environ 200 marques du secteur, principalement européennes, ONG et syndicats, visant à construire une industrie du prêt-à-porter plus sûre au Bangladesh.

>> En savoir plus : Audits de sécurité au Bangladesh : les "champions" de la RSE s'affrontent
Avis de l'expert : Un accident qui n'est que le énième d'une longue liste jalonnant l'histoire de l'industrie du textile-habillement au Bangladesh. Pourtant, du chemin à été fait depuis le drame du Rana Plaza (cf. Atmosphère Internationale de juin 2015) !

Mais malgré la mise en place d'initiatives multipartites ambitieuses entre gouvernement du Bangladesh, grandes marques du prêt-à-porter, ONG et syndicats, malgré tous les audits réalisés dans le cadre de ces accords et tous les plans d'actions écrits pour exiger des mesures correctives bornées dans le temps, le Bangladesh reste un pays de sourcing à haut risque !

Sur les 2500 usines auditées, seule une petite dizaine aurait complètement bouclé son plan d'amélioration ! Et pour rappel, les usines inscrites dans les programmes de l'Accord et de l'Alliance ne représenteraient que 35% de l'ensemble des usines fabriquant des vêtements au Bangladesh (cf. Atmosphère Internationale de janvier 2016).

Les raisons de ces retards sont connues :
  • manque d'un pouvoir politique fort pour imposer la réalisation rapide des actions
  • lobbying des groupements d'industriels du secteur (BGMEA et BGKEA)
  • corruption à tous les niveaux pour favoriser des intérêts économiques ou personnels au détriment des investissements dans la sécurité des usines
  • manque d'implication des donneurs d'ordre qui n'interviennent pas suffisamment auprès des fournisseurs pour conditionner la poursuite des relations commerciales aux efforts d'amélioration de la sécurité des ouvriers
Pendant ce temps, les ONG, syndicats et initiatives citoyennes sont omniprésents sur le terrain médiatique et ne perdent pas une occasion d'attirer l'attention des consommateurs sur ces graves manquements aux droits humains dans les supply chains internationales de leurs marques préférées. Bien vu, car ce sont effectivement ces grands opérateurs internationaux qui peuvent faire bouger les lignes en passant à la vitesse supérieure dans leurs exigences de responsabilité sociétale.

Pour les entreprises qui font fabriquer leurs produits au Bangladesh, nous ne saurions trop conseiller d'être extrêmement vigilant dans la sélection de leurs fournisseurs et sous-traitants : faites preuve de diligence raisonnable en ne vous contentant pas de consulter les résultats d'inspection !
  • Assurez-vous que les améliorations les plus importantes pour la sécurité des ouvriers ont bien été apportées (équipement de lutte incendie, sorties de secours réglementaires, alarme incendie, exercices d'évacuation, etc.).
  • Formez vos équipes et/ou recourrez à des auditeurs indépendants pour
    effectuer vos propres contrôles de suivi des actions correctives sur la base
    des audits Alliance et Accord.
ACTE International, cabinet d'audit en RSEE internationale (audit social, audit sécurité bâtiments, audit anti-corruption, et audit environnemental) vous accompagne dans la mise en place de vos politiques éthiques et de vos plans de vigilance en Asie, Afrique, Europe et Amériques.

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Source(s) : ethique-sur-etiquette.org (février 2016)
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