Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème RSEE INTERNATIONALE
 Pays BANGLADESH  Date juin 2015

Risque éthique au Bangladesh : les premiers effets positifs du Rana Plaza

Synthèse : Il aura fallu deux années pour réussir à rassembler, non sans mal, les 30 millions USD du fond d''indemnisation des victimes de l'effondrement de l'usine textile du Rana Plaza à Dacca au Bangladesh.

Un don anonyme de 2,4 millions USD a récemment permis d'atteindre enfin la somme prévue pour indemniser les 2 000 blessés, ainsi que les familles des 1138 personnes décédées dans l'accident.
Cette nouvelle intervient quelques jours après l'inculpation pour meurtre du propriétaire de l'immeuble et la poursuite de 40 autres responsables par la justice bangladaise.

Les ONG, dont la plus impliquée "Clean Clothes Campaign", saluent ces résultats emblématiques, mais insistent sur le fait que ces avancées n'auraient pu avoir lieu sans l'engagement continu des citoyens et consommateurs qui les soutiennent... et que leurs actions ne s'arrêteront pas pour autant : Sherpa, Ethique sur l'étiquette et Peuples Solidaires, viennent de déposer une nouvelle plainte contre une grande enseigne de distribution française, pour manquement à son devoir de vigilance.

Se référant au drame du Rana Plaza et à ses conséquences, le G7 a annoncé le même jour qu'il souhaitait encourager les plans de vigilance raisonnable dans les entreprises, ainsi que la création d'un fonds mondial pour la prévention des accidents du travail (Vision Zero Fund), destiné à soutenir les Etats qui s'engagent à adopter des mesures de prévention, et à appliquer strictement les normes sociales, environnementales et de sécurité au travail.
Avis de l'expert : En 2 ans, beaucoup de choses ont avancé au Bangladesh, grâce à la mobilisation de tous :
  • Plus de 1850 usines ont été inspectées dans le cadre de l'Accord et de l'Alliance (cf. Atmosphère Internationale de septembre 2014)
  • 1000 plans d'actions correctives sont en cours de déploiement.
  • 32 usines auraient été fermées (cf. Atmosphère Internationale de juin 2014) et les propriétaires les plus négligents poursuivis par la justice
  • De nouvelles usines textiles, conformes aux normes de sécurité, sortent de terre
  • 300 postes d'inspecteurs du travail supplémentaires ont été créés
  • Le gouvernement bangladais a augmenté le salaire minimum de plus de 70% et commencé à réformer son droit du travail : promotion du droit syndical, formation obligatoire de CHSCT, etc.
D'autres initiatives sur d'autres problématiques ont également vu le jour, telles que le fonds d'investissement "vert" créé par la Banque Centrale du Bangladesh pour encourager le secteur textile à adopter des technologies et pratiques respectueuses de l'environnement (cf. Atmosphère Internationale de mai 2015).

Mais il reste encore beaucoup à faire :
  • Les règlements d'application des amendements du Labour Act restent à édicter
  • Les 200 nouveaux syndicats atomisés au niveau des entreprises ne sont pas représentatifs des 4 millions de travailleurs du textile
  • Le salaire minimum légal n'est pas suffisant pour couvrir les besoins journaliers d'un ouvrier et de sa famille (minimum vital)
  • Les menaces et intimidations auprès des ouvriers syndiqués subsistent
  • La corruption reste un mal endémique dans le pays
Cependant, grâce aux efforts conjoints de l'OIT, de la Commission et du Parlement européen, et des Etats (dont la France), avec l'engagement de plus en plus marqué des donneurs d'ordre dans des pratiques d'achat responsables et la mise en place de politiques RSE ambitieuses, et sous la pression continue des ONG et associations de consommateurs, le Bangladesh va probablement réaliser en 5 ans ce que beaucoup de pays, aujourd'hui "développés", ont mis des décennies à accomplir !

Pour que la situation s'améliore de façon durable, il faudra toutefois que les acheteurs internationaux entretiennent un état de vigilance maximal au cours des prochaines années : comme nous l'avons souligné à plusieurs reprises, arrêter de s'approvisionner au Bangladesh en raison du risque éthique n'est souhaitable ni pour l'économie locale déjà fortement ébranlée (cf. Atmosphère Internationale d'avril 2014), ni pour les donneurs d'ordre qui doivent saisir l'opportunité dans un tel contexte de capitaliser de l'expérience et du savoir-faire en termes de Responsabilité Sociale et Ethique et Environnementale (RSEE) à l'international.

ACTE International, cabinet d'audit international en RSEE à l'International (audit social, audit sécurité bâtiments, audit anti-corruption, et audit environnemental) vous accompagne dans la mise en place de vos politiques éthiques et de vos plans de vigilance en Asie, Afrique, Europe et Amériques.

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Source(s) : Novethic.fr (mars 2015)
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