Synthèse : Le Gouverneur de la Banque Centrale du Bangladesh a annoncé récemment la création d'un fonds d'investissement "vert" de 500 Millions USD à faible taux d'intérêt, destiné à encourager le secteur textile à adopter des technologies et pratiques respectueuses de l'environnement. Un projet ambitieux axé prioritairement sur la gestion éco-responsable de la ressource en eau.
Les 1700 entreprises bangladaises de lavage, teinture et finition qui représentent 20% de la valeur ajoutée de la 2ème industrie textile au monde, consomment en effet de 5 à 6 fois plus d'eau par kilo de tissu que la moyenne mondiale (50 l/kg), et les 1500 milliards de litres d'eaux usées ainsi générées sont presque intégralement rejetés sans traitement adéquat dans l'environnement.
La décision de créer un fonds d'investissement spécial pour faire face à cette problématique a été prise dans le cadre du projet multipartite PaCT (Partnership for Cleaner Textile) bénéficiant du support des Pays-Bas, de grandes marques du prêt-à-porter et administré par la Banque Mondiale en collaboration avec le BGMEA (Bangladesh Garment Manufacturers and Exporters Association).
Les principaux objectifs du projet sont de : - réduire les impacts négatifs au niveau environnemental et humain de l'extraction de l'eau
- minimiser la pollution des eaux de surface
- diminuer le gaspillage d'énergie
- limiter l'utilisation des produits chimiques dans les procédés de traitement par lavage des textiles
De plus, d'ici 2016, toutes les institutions financières du Bangladesh devront également destiner 5% des crédits aux entreprises à du financement "vert".
Avec de telles mesures, le gouvernement du Bangladesh souhaite améliorer l'image environnementale désastreuse de son industrie textile, et répondre aux exigences de plus en plus pressantes des donneurs d'ordre du monde entier. | Avis de l'expert : Depuis l'épisode tragique du Rana Plaza, ce sont surtout les problématiques liées aux conditions de travail des ouvriers (sécurité, salaires, horaires, couverture sociale,...) qui ont mobilisé les efforts conjoints des acteurs institutionnels et privés, locaux et internationaux, autour de projets de réhabilitation de l'industrie textile au Bangladesh (cf. Atmosphère Internationale d'avril 2014).
Sous la pression et avec le support actif des grandes organisations internationales, des marques du secteur du textile et de l'habillement et des gouvernements nationaux, les entreprises bangladaises progressent peu à peu sur la question environnementale.
Mais pour un pays dont la première industrie est l'une des plus polluantes au monde, disposant de faibles ressources en eau douce et soumis à de multiples aléas climatiques, la maîtrise des impacts négatifs de l'activité industrielle sur son environnement naturel est également une question de "survie"... et de fiabilité vis-à-vis des grands donneurs d'ordre.
Si le Bangladesh veut maintenir son attractivité en tant que pays de sourcing et assurer sa durabilité, il ne peut laisser de côté plus longtemps le sujet environnemental et doit le faire avancer de front avec les questions éthiques et sociales.
Cette initiative n'est probablement qu'une goutte d'eau dans l'océan car le pays part de loin, mais elle marque une réelle prise de conscience politique.
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