| Atmosphère Internationale la lettre de veille stratégique du commerce international Thème | ECONOMIE | Pays | CHINE / MONDE | Date | mars 2016 | | |
Chine 2020 : un nouveau plan quinquennal en ombres chinoises | |
Synthèse : Le treizième plan quinquennal (2016-2020) du gouvernement chinois tente la relance par des coupes franches dans les secteurs en perte de compétitivité : une réduction des surcapacités industrielles (cf. Atmosphère Internationale d'avril 2015) qui passe par le licenciement de 5 à 6 millions de salariés au cours des trois prochaines années... Rationalisation salutaire ou aveu de faiblesse ? Dans le collimateur, principalement les entreprises publiques de l'industrie lourde (BTP, construction navale, charbon, sidérurgie,
) portées à bout de bras par l'Etat et les banques dont le gouvernement souhaite réorienter les investissements vers les secteurs plus dynamiques. La plupart de ces mastodontes d'Etat seront fusionnés et, au moins partiellement, privatisés. Conséquence directe, un vaste plan de licenciement pour environ 15% des effectifs actuels des secteurs ciblés par le plan quinquennal : un fonds de 100 milliards de yuans est prévu pour la "réhabilitation" des chômeurs au cours des deux prochaines années Côté investissements, les priorités iront à la production d'énergie nucléaire, la construction d'infrastructures de transport terrestre (route, rail) et aérien, ainsi que la création de 50 millions d'emplois dans les zones urbaines : Pékin vise à augmenter la production des produits de services, tels que linternet, laviation, la biotechnologie, et à favoriser la croissance des industries à faible émission carbone. Pour parvenir à financer ces énormes dépenses, la Chine va creuser son déficit budgétaire et continuer à s'endetter... | |
Avis de l'expert : La restructuration économique lancée entre 1998 et 2003 avait déclenché le licenciement de 28 millions de salariés... Toutes proportions gardées, les destructions d'emplois envisagées par le nouveau plan quinquennal sont donc plutôt modérées : sauf que la situation socio-économique est bien plus tendue aujourd'hui, et que l'augmentation du chômage risque d'avoir des effets délétères sur le climat social
Le ralentissement ininterrompu de la croissance chinoise depuis 2010 (cf. Atmosphère Internationale de septembre 2015) est l'élément déclencheur de ces nouvelles "réformes", mais ce sont des facteurs macroéconomiques et politiques qui en sont la véritable cause : la chute sans fin de la demande globale internationale, la faiblesse de la demande intérieure malgré les efforts du précédent plan quinquennal (cf. Atmosphère Internationale de novembre 2013), et les engagements internationaux du gouvernement chinois en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, les négociations en cours sur l'accès de la Chine au statut d'économie de marché (cf. Atmosphère Internationale de janvier 2016) ne sont sans doute pas totalement étrangères aux orientations du nouveau plan quinquennal : le désengagement visible de l'Etat vis-à-vis des grands secteurs industriels, même obsolètes, représente un signal fort à l'intention des parangons du libéralisme. Un double discours bien maîtrisé par Pékin en cette année du singe (cf. Atmosphère Internationale de janvier 2016)... Pour les entreprises européennes qui travaillent avec la Chine, les indicateurs sont plutôt bons : La volonté du gouvernement chinois de rationaliser et de mettre à niveau son industrie, de développer les activités de service et de faire émerger cette classe moyenne ("société de moyenne aisance") tant attendue, devrait profiter aux exportateurs. Pour les importateurs, on peut s'attendre à une stabilisation des coûts de main d'uvre dans les secteurs manufacturiers. Attention en revanche à l'augmentation possible du risque RSE lié à l'injection massive d'ouvriers non qualifiés dans les circuits de travail informels... | |
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