Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème ECONOMIE
 Pays MONDE  Date janvier 2010

Coton : le cours s'envole ... les producteurs respirent !

Synthèse : Depuis 2001, le cours du coton restait collé au plancher... Principalement en cause, les subventions attribuées aux cultivateurs de certains pays riches, Etats-Unis en tête, accusées de déséquilibrer le marché. Après un plus bas historique atteint en mars 2009, les prix ont entamé une remontée fulgurante : la baisse du dollar entraînant une hausse globale des investissements et des cours, ainsi qu'un regain d'intérêt des investisseurs pour les matières premières, semblent avoir joué un rôle prépondérant dans ce phénomène.

On a également observé une certaine stabilité de l'offre malgré une légère croissance de la demande. Deux raisons majeures à ce phénomène :
  • Un recul des surfaces agricoles américaines dédiées au coton (-7% en 2009 selon le département américain de l'agriculture), lié aux reconversions en faveur de cultures jugées plus rémunératrices : agro carburants, soja, ...

  • De mauvaises récoltes en Inde et au Pakistan dues à la sécheresse de l'été 2009 et aux maladies.
Le coton est la première fibre utilisée au monde dans le secteur textile. Les principaux pays producteurs sont la Chine (27% de la production mondiale), les Etats-Unis (19%), l'Inde (18%), le Pakistan (8%), ainsi que certains pays d'Afrique de l'Ouest et d'Asie centrale.
Avis de l'expert : Comme les autres matières premières soumises à la spéculation, le cours du coton oscille : inférieur à 42 cts/lb début 2009, il est remonté au-dessus de 60 cts/lb depuis septembre 2009 et culmine actuellement à près de 76 cts/lb.
D'après les analystes du secteur, un prix plancher de 60 cts/lb serait nécessaire pour permettre à tous les acteurs de la filière de s'en sortir. Les pays d'Afrique de l'Ouest, où 10 millions de personnes vivent grâce au coton, se félicitent des bons niveaux de prix actuels.

Parallèlement ces dernières années, certains producteurs sont passés au "bio" pour se mettre à l'abri de l'instabilité des cours (cf Atmosphère Internationale d'octobre 2008). Avantage associé : l'absence de pesticides minimisant l'impact de cette culture sur la santé et l'environnement.
La percée du coton bio en Afrique de l'Ouest a été introduite et soutenue par des ONG occidentales, notamment dans le cadre de partenariats équitables.

Toutefois, les études du CIRAD* menées au Mali tempèrent l'enthousiasme ambiant : les gains en productivité nécessaires à la compétitivité du coton bio africain seraient compromis par l'évolution peu favorable de la fertilité des sols cultivés.
De plus, un rendement plus faible à l'hectare et l'augmentation des surfaces de culture nécessaires impliquent aussi davantage d'investissement. Ainsi, avec les cours du coton conventionnel au beau fixe, il est probable que les producteurs freinent leurs projets de conversion au bio… jusqu'aux prochains creux de vague en bourse !
La progression de la demande mondiale de coton bio devrait ainsi être déterminante dans les choix des agriculteurs pour les années à venir.

* CIRAD : Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement
Imprimer  E. REBOULET
Source(s) : Fashion Mag / Le Monde.fr (janvier 2010)
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