Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème REACH
 Pays UE  Date mai 2011

REACH : le consommateur doit-il être protégé contre lui-même ?

Synthèse : 4 ans après son lancement, REACH atteint sa vitesse de croisière. Mais si les fabricants / importateurs remplissent globalement leurs obligations d'information (cf Atmosphère Internationale de novembre 2010), les citoyens européens, eux, ne semblent pas pour autant avoir changé leurs habitudes en termes de recherche d'information et d'emploi des produits au quotidien.

En effet, une étude récente de l'ECHA*, portant sur un échantillon de 26 574 citoyens européens interrogés dans les 27 pays de l'UE, souligne le faible niveau de connaissance générale et de prise en compte des risques liés aux produits chimiques !

L'étude a ciblé 6 catégories de produits de consommation :
  • Pesticides et insecticides
  • Produits nettoyants (pour fours, réfrigérateurs…)
  • Détergents (poudre, lessive..)
  • Produits de jardin (fertilisant…)
  • Produits de bricolage et de décoration (peinture, vernis…)
  • Produits d'entretien des voitures et autres véhicules (cire, lubrifiant, huile…)
Selon l'ECHA, si pesticides et insecticides sont de loin les produits qui génèrent le plus de méfiance de la part des usagers, les produits d'entretien des voitures sont paradoxalement peu identifiés comme contenant des produits chimiques...
Le rapport de l'ECHA souligne ainsi que la plupart des consommateurs ne savent pas détecter la présence de substances chimiques dans les produits qu'ils utilisent au quotidien.

Les produits chimiques ne bénéficient pas pour autant d'une image flatteuse aux yeux des citoyens européens : ils sont globalement considérés comme "dangereux pour l'homme et l'environnement", plus rarement "utiles" et très peu "efficaces ou source d'innovation".

L'emballage est la première source d'information des consommateurs. Toutefois, si les instructions d'utilisation qui y figurent sont consultées par plus de 60% d'entre eux, seulement 7% affirment en lire l'intégralité... Pour de nombreux autres, la télé, internet, le bouche à oreille, ou l'expérience personnelle prévalent encore comme "mode d'emploi".

Enfin, l'interprétation des termes "DANGER" et "ATTENTION" diverge d'un pays à l'autre. Le premier apparaît nettement plus efficace pour sensibiliser l'utilisateur aux risques potentiels d'utilisation.
Les sigles et pictogrammes anciens sont généralement connus, contrairement à ceux, plus récents, issus de la règlementation CLP**.

* Rapport de l'ECHA à disposition de nos abonnés sur simple demande.
** Réglementation CLP (Classification, Labelling and Packaging) : voir Atmosphère Internationale de novembre 2010.
Avis de l'expert : Un rapport complet et très bien étayé qui montre que la volonté de bien faire ne suffit pas à rendre efficace une réglementation, même quand celle-ci a pour objet de protéger et d'informer le consommateur !

L'ECHA conclut donc à la nécessité de former et d'éduquer les citoyens européens, en tenant compte des diversités culturelles en matière de perception du risque.

Les entreprises ont désormais un langage commun dans REACH, mais pas les utilisateurs....
D'autant que l'étude fait apparaître d'importantes disparités de niveaux de connaissance et des comportements selon la catégorie socioprofessionnelle, le genre ou l'âge du consommateur interrogé…

Un deuxième rapport, prévu fin 2012, devrait déclencher de nouvelles mesures de la part de l'UE pour améliorer l'efficacité de l'information sur les risques d'utilisation à destination de la société civile.
Imprimer  A. LE ROLLAND
Source(s) : ECHA (mai 2011)
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