Synthèse : La croissance chinoise pourrait atteindre 6,7% en 2016, en ligne avec les objectifs de Pékin : de quoi faire pâlir le reste du monde si l'on occulte la "bulle immobilière" qui grossit à vue d'œil, et l'explosion de la dette chinoise qui frôle les 250% du PIB, faisant planer la menace d'une nouvelle crise financière mondiale. Inquiet, le Fonds Monétaire International (FMI) exhorte la Chine à se désendetter de toute urgence pour éviter le krach bancaire.
Le gouvernement chinois tente de rassurer en confirmant sa volonté de rééquilibrer son modèle économique, conformément au nouveau plan quinquennal 2016-2020 qui prévoit notamment de réduire la surcapacité industrielle, d'éliminer les sociétés publiques dites "zombies" fortement endettées, et de doper la consommation intérieure et les services (cf. Atmosphère Internationale de mars 2016).
En attendant, la baisse des exportations chinoises en 2016 avoisine les 7,5% !
Les plaintes auprès de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) ainsi que les mesures de sauvegarde (procédures anti-dumping et anti-subvention) prises à l'encontre de la Chine sont en nette recrudescence depuis 1 an : Pékin se plaint d'ailleurs d'être "victime d'un protectionnisme croissant"...
Et ce n'est pas la menace d'un redressement brutal des barrières tarifaires brandie par le nouveau Président des Etats-Unis qui va contredire ce point de vue !
Le fort rebond du Dollar US juste après l'élection présidentielle américaine a d'ailleurs impacté le yuan à la baisse, lui faisant atteindre son plus bas niveau depuis décembre 2008. | Avis de l'expert : Selon les propres chiffres du FMI, alors que la croissance de l'économie mondiale est estimée à 3,1% en 2016 et 3,4% pour 2017, la Chine détiendrait actuellement 17,3% du PIB mondial en "parité de pouvoir d'achat" (PPA)... Contre 15,8% pour les États-Unis, et 12% pour la zone Euro : l'Empire du Milieu est donc, officieusement depuis 2014 (cf. ACTualité de janvier 2015), passé en pole position des grandes économies mondiales !
On comprend d'autant mieux les craintes des analystes économiques et financiers en cas d'effondrement du géant chinois, et l'impact sans précédent à l'échelle mondiale qu'un tel évènement provoquerait... La Chine sera-t-elle capable de se sortir du piège, sachant qu'elle compte beaucoup sur la reprise économique qui tarde à venir aux Etats-Unis et en Europe ?
Le 11 décembre dernier, jour anniversaire de son adhésion à l'OMC en 2001, la Chine réclamait son accession automatique au statut d'économie de marché (cf. Atmosphère Internationale de janvier 2016). Mais les Etats-Unis et l'Union européenne, redoutant un nouveau raz-de-marée d'importations chinoises avec la fin des mesures de sauvegarde, s'y opposent catégoriquement arguant, non sans raison, que la Chine n'a pas encore rempli ses obligations de libéralisation de marché et d'ouverture économique. Le bras de fer qui vient de s'engager, durera sans doute plusieurs années...
Si la Chine se dit préoccupée par les différentes prises de position du Président US, elle compte bien profiter de la rétractation annoncée de l'administration américaine d'un certain nombre de positions géopolitiques pour occuper le terrain : alors que Mr Trump annonce depuis des semaines qu'il va retirer les Etats-Unis du traité transpacifique (cf. Atmosphère Internationale de février 2016), Pékin commence à placer ses pions pour prendre la tête d'une zone de libre-échange dans la région Asie-Pacifique, et poursuit parallèlement des négociations bilatérales de libre-échange avec notamment la Corée du Sud (cf. ACTualité de juin 2015), et de partenariat stratégique avec par exemple le Maroc (cf. Atmosphère Internationale de mai 2016), ou encore le Pakistan (cf. ACTualité de décembre 2015) et la Russie dans le cadre du grand projet de corridor logistique Chine / Europe occidentale (cf. ACTualité d'octobre 2015). | | | | |
