Synthèse : Crise politique au Brésil,
graves tensions diplomatiques avec la Russie, inflation galopante
en Inde, ralentissement de la croissance en Chine et pouvoir contesté
en Afrique du Sud
les BRICS n'ont pas joué un rôle
prédominant au cours du dernier G20 à Hangzhou en septembre
dernier. Mais ce "club des 5" là, qui regroupe plus
de la moitié de la population planétaire et pèse
pour près d'1/4 du PIB mondial, n'a pas dit son dernier mot
sur la scène économique et politique internationale...
Réunis mi-octobre 2016 à Goa en Inde, les 5 grands émergents
ont prouvé que leurs difficultés nationales ne remettaient
pas en cause leur volonté de cohésion.
Club plutôt que coalition active, le groupe des BRICS
est pourtant en manque de reconnaissance internationale du fait de
l'absence d'un secrétariat permanent et de prises de positions
communes lors des grands débats mondiaux.
Pour autant, les choses s'organisent pour asseoir la légitimité
du groupe en tant qu'interlocuteur privilégié :
- Ouverture en 2015 de la banque d'investissement "New
Development Bank" établie à Shanghai, dirigée
par un Indien et dotée de 50 milliards USD. Un premier
prêt de 811 millions USD a été accordé
en avril 2016 pour un financement dans le secteur des énergies
renouvelables.
- Création d'un fonds de réserve de change
(à l'instar du FMI) de 100 milliards USD.
- Mise en place de pratiques de concertation avant le vote
de résolutions au FMI et aux Nations Unies.
- Projet d'une agence de notation plus adaptée aux
réalités économiques de pays émergents.
Les nombreuses consultations informelles en marge du G20 ("side
events") ouvrent dans l'ombre des pistes de coopération
commerciale sud-sud dans des domaines où les pays de l'OCDE
échouent : droit, urbanisme, gestion de l'eau, agriculture,
politique commerciale, transports, formation professionnelle,
Ainsi, le rapprochement entre l'Union Economique Eurasiatique (cf.
Atmosphère Internationale
de février 2015) et le projet chinois de "Ceinture
économique de la Route de la Soie" (cf. Atmosphère
Internationale d'avril 2016) figurait en tête de liste des
sujets de la réunion de Goa. |
Avis de l'expert :
Depuis 2011 et l'arrivée de l'Afrique du Sud dans
le groupe, les divergences restent sensiblement les mêmes
(cf. Atmosphère
Internationale de mai 2011). Pourtant, au-delà du
pouvoir politique et économique, les BRICS pourraient
bien réussir à faire émerger un nouveau
modèle de coopération.
Avec une Europe en panne, des Etats Unis en pleine crise politique,
une région du Moyen-Orient déstabilisée
et hyper dépendante du pétrole, les pays du G20
n'ont pas de quoi parader devant les initiatives des BRICS.
Arriver à maintenir une ligne directrice commune,
dans un contexte mondial aussi instable est, en soi, déjà
une réussite ! |
| | |