Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème COMMERCE INTERNATIONAL
 Pays BRIC / AFRIQUE DU SUD  Date mai 2011

BRICS : des puissances émergentes au pluriel ...

Synthèse : En avril dernier, un nouveau sommet a réuni les grandes puissances émergentes sur l'île de Hainan en Chine. A cette occasion, les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) accueillaient un nouveau venu, l'Afrique du Sud, qui ajoute son "S" (pour South Africa) à l'acronyme du club des économies à forte croissance.

Objectif : développer la coopération entre ces pays qui pèsent de plus en plus lourd dans l'économie mondiale (d'ici 2050, les BRICS devraient représenter la moitié du PIB mondial ...), et affichent des taux de croissance annuels à faire pâlir les puissances occidentales !
Sorties de la crise sans trop de heurts, les puissances émergentes du "club des 5" vont d'ailleurs très certainement creuser un peu plus l'écart dans les années à venir.

Conséquence, les industriels de ces pays sont de plus en plus puissants et les chefs de ces Etats n'hésitent pas à proposer leur "aide" aux pays européens en difficulté, tel le Brésil au Portugal, ou la Chine à la Grèce...

Toutefois, puissance ne rime pas forcément avec stabilité : les BRICS ne sont pas exempts de fragilités économiques, sociales et/ou politiques. Ils sont d'ailleurs loin de former un ensemble cohérent, capable de parler d'une même voix pour faire valoir les intérêts de chacun ...

Comme les deux années précédentes, le sommet 2011 n'a ainsi débouché sur aucun accord de coopération concret. Voici quelques éléments qui illustrent bien les divergences au sein du groupe :
  • Les monnaies du Brésil, de la Russie et de l'Afrique du Sud sont convertibles contrairement au yuan chinois et à la roupie indienne.
  • La Chine refuse d'aborder la question de la réévaluation du yuan, ainsi que celle de la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU.
  • Le Brésil, la Russie et l'Afrique du Sud se réjouissent de la flambée des matières premières... Ce qui n'est du goût ni de la Chine, ni de l'Inde !
  • La Russie et la Chine ont une population vieillissante contrairement aux autres pays qui bénéficient d'une démographie très dynamique.
  • Les points de vue divergent également sur le plan politique, notamment sur la notion de démocratie, sans parler des tensions anciennes entre la Chine et l'Inde ...
Avis de l'expert : L'Afrique du Sud et ses immenses ressources minières est évidemment accueillie à bras ouverts par les BRIC, dont l'industrie en plein boom est fortement dépendante des approvisionnements en matières premières ...

Les pays à forte croissance, qui tirent actuellement l'économie mondiale hors de la crise, ont évidemment toute légitimité pour se faire entendre des grandes puissances occidentales en panne ! Mais force est de constater qu'ils ne sont pas encore prêts à parler d'une même voix... Ce qui diminue fortement leur capacité à modifier les règles du jeu sur l'échiquier international.

Au-delà des divergences politiques et culturelles évidentes de ce groupement d'intérêts hétéroclite, il faut rappeler que certains des grands pays émergents (Brésil et Chine notamment) ne sont absolument pas l'abri du risque de surchauffe économique... Le FMI ne cache d'ailleurs pas son inquiétude à ce sujet.

  • Le Brésil a triplé ses exportations en 10 ans et a fortement augmenté ses capacités de production de pétrole : l'envol du cours du brut créé un afflux des liquidités qui vient s'ajouter aux capitaux étrangers attirés par des placements juteux. Il faut dire que, contrairement à l'Europe et aux Etats-Unis, le taux directeur de la banque centrale du Brésil est maintenu à un niveau élevé pour lutter contre la menace d'inflation.
    La monnaie brésilienne s'est ainsi appréciée de 40% par rapport au dollar US depuis 2009.


  • La Chine vient pour sa part d'établir un nouveau record pour ses exportations : +30% en avril dernier pour atteindre 155.7 milliards USD et un excédent commercial de 11.4 milliards USD !
    Le gouvernement chinois qui voulait miser sur sa demande intérieure, peine donc actuellement à rééquilibrer sa croissance économique... Et à contenir l'inflation galopante tout en limitant le risque de surchauffe.


  • Dans les deux cas, ces puissances motrices de l'économie mondiale font paradoxalement peser les mêmes risques de crise économique qu'en 2008 au reste du monde...
    Imprimer  D. CAMMARANO
    Source(s) : Usine Nouvelle (avril 2011)
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