Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème REGLEMENTATIONS DOUANIERES
 Pays FRANCE / UE / MONDE  Date mai 2017

Expertise douanière : le classement tarifaire complexe des drones

Synthèse : Dans le cadre de leurs missions opérationnelles, nos experts en ingénierie douanière et fiscale sont régulièrement confrontés à des classements tarifaires extrêmement techniques : à travers le cas concret des drones, nous rappelons aux opérateurs du commerce international qu'une bonne classification des produits est essentielle pour optimiser et sécuriser leur supply chain...

Depuis quelques années, les drones sont très médiatisés et bénéficient d'un large effet de mode : il existe aujourd'hui un marché en pleine expansion pour ces curieux appareils volants, véritables concentrés de technologie à vocation plus ou moins utilitaire.

Parmi la multitude de types et de catégories de drones, les drones civils (récréatifs ou professionnels) sont de loin les plus facilement accessibles dans le commerce : il s'agit de modèles généralement limités en charge utile à l'emport d'une caméra (susceptible également de faire office d'appareil photo, de GPS, d'appareils de mesure etc.).

Qu'est-ce qu'un drone ?


Un drone ou UAV (Unmanned Aerial Vehicle) est un aéronef inhabité, piloté à distance, semi-autonome ou autonome, susceptible d'emporter différentes charges utiles le rendant capable d'effectuer des tâches spécifiques pendant une durée de vol pouvant varier en fonction de ses capacités.

Si tant est que cette définition "large" corresponde assez précisément au drone civil que nous devons classer, reste à trouver le sous-chapitre du tarif douanier auquel il est rattaché.

Comment le classer ?

Selon la nomenclature du Système Harmonisé (SH), deux options possibles à ce stade :
  • Sous-chapitre 8802 : "Autres véhicules aériens (hélicoptères, avions, par exemple) ; véhicules spatiaux (y compris les satellites) et leurs véhicules lanceurs et véhicules sous-orbitaux)"
  • Sous-chapitre 9503 : "Tricycles, trottinettes, autos à pédales et jouets à roues similaires ; landaus et poussettes pour poupées; poupées; autres jouets; modèles réduits et modèles similaires pour le divertissement, animés ou non; puzzles de tout genre"
Rappel : selon la règle 1 d'interprétation du tarif douanier commun, le libellé des titres de Sections, de Chapitres ou de Sous-Chapitres est considéré comme n'ayant qu'une valeur indicative, le classement étant déterminé légalement d'après les termes des positions et des Notes de Sections ou de Chapitres.

Que disent les notes de sous-chapitres ?

Les notes explicatives de la position 8802 indiquent notamment que " Cette sous-position couvre les hélicoptères multirotors (" drones ") de différentes tailles capables de voler de manière autonome (vers une destination préprogrammée) ou pilotés à distance par l'utilisateur. " : nous y voilà !

Sauf qu'il est également stipulé dans ces notes que "le caractère de jouets ou de modèles réduits pour le divertissement" rattache le drone à la position 9503...

De fait, la note 4 des notes explicatives de la position 9503 indique que ce sous-chapitre concerne les drones qui se distinguent des articles de la position 8802 par certaines caractéristiques : poids, capacités et autonomie en vol, mode de contrôle à distance, niveau de sophistication des appareils électroniques embarqués,... Ça se complique !

D'autres interprétations sont-elles possibles ?

Le classement douanier des drones civils devra donc être déterminé en fonction de nombreux critères, dont certains peuvent laisser une part de subjectivité non négligeable. Et quand bien même une étude technique approfondie apporterait suffisamment d'éléments objectifs pour justifier leur classement dans l'une ou l'autre position tarifaire, l'administration douanière est susceptible au final de les rattacher à d'autres positions.
La DGDDI (bureau E1) a ainsi délivré plusieurs RTC (Renseignement Tarifaire Contraignant) concernant des drones intégrant une caméra vidéo en les classant au sous-chapitre 8525 : "Appareils d'émission pour la radiodiffusion ou la télévision,...", le caractère essentiel de l'article retenu étant la caméra !
Ce classement a été motivé selon la règle d'interprétation du tarif douanier commun, et suite à un avis de l'OMD*...

* OMD : Décisions de classement – Comité du SH 55ème Session (mars 2015)
Avis de l'expert : Le classement douanier d'un drone est particulièrement complexe car de nombreux aspects sont à prendre en considération : les caractéristiques intrinsèques du produit, mais aussi les appareils et technologies embarqués (type de caméra, appareil de mesure, port usb, wifi,…).

En théorie, trois classements douaniers sont donc possibles : chaque option doit être étudiée au cas par cas, avec une très grande précision ! Dans le cas contraire, les conséquences peuvent être importantes pour l'importateur ou l'exportateur :
  • Impact sur la facture douanière : dans le cadre d'une importation de drone au sein de l'UE, les droits de douane diffèrent beaucoup d'une position tarifaire à l'autre : de 4,10% à 10,50% selon le code TARIC !
  • Risque de contentieux : l'administration douanière est particulièrement vigilante sur cette typologie de produits et procède à des contrôles physiques de manière régulière : le mauvais classement tarifaire d'un drone fait donc peser un fort risque de contentieux douanier sur l'importateur lors du passage en douane sur le territoire communautaire.
  • Commerce illégal : les exportateurs UE sont soumis à la législation communautaire en matière de Biens à Double Usage (BDU). Or les drones sont particulièrement exposés à une interprétation équivoque concernant leur utilisation possible à des fins militaires... Selon la position tarifaire du produit, il pourra donc être soumis à des contrôles plus stricts, voire à l'obtention obligatoire d'une licence d'exportation. Et c'est bien l'exportateur qui endosse la responsabilité légale dans ce cadre réglementaire ultra-sensible !
Le classement douanier est donc primordial puisqu'il conditionne le calcul des droits et taxes ainsi que toute la réglementation applicable au produit : une position tarifaire erronée (fausse déclaration d'espèce) peut avoir de graves répercussions tant à l'importation (droits de douane éludés entraînant une pénalité douanière) qu'à l'exportation (prohibition à titre absolu par exemple en cas d'exportation sans obtention de licence au préalable).

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Source(s) : Réseau ACTE International (mai 2017)
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