Atmosphère Internationale la lettre de veille stratégique du commerce international
Thème
REGLEMENTATION REACH
Pays
UE
Date
décembre 2013
REACH - Annexe XIV : des substances "interdites" bientôt "autorisées" ?
Synthèse : Deux catégories de phtalates enregistrées à l'annexe XIV des substances interdites depuis février 2011 tentent de jouer les prolongations : huit entreprises communautaires ont récemment déposé des dossiers de demande d'autorisation auprès de l'ECHA pour la poursuite de l'utilisation du DEHP* et du DBP** sur une période de 2 ans.
Une consultation publique a été ouverte par l'Agence européenne pour permettre aux entreprises qui ont élaboré des solutions alternatives de se faire connaître avant le 08/01/2014, ce qui aurait pour incidence d'invalider la demande d'autorisation de ces deux catégories de phtalates reconnues hautement toxiques.
Chaque demande d'autorisation correspond à un usage précis pour une substance donnée : sur les 16 dossiers ouverts à consultation, les principaux usages déclarés concernent la fabrication d'objets en PVC et de missiles tactiques.
A l'issue de la consultation publique, les demandes seront examinées par les comités ad hoc de l'ECHA puis transmis à la Commission européenne qui statuera.
RAPPEL : critères d'obtention d'une autorisation pour une durée temporaire de deux ans
L'intérêt général prime sur le risque
Pas de substance de substitution
Risques pour l'environnement et la santé limités par des précautions d'usage
Marquage, emballage et conditions d'utilisation appropriés
Avis de l'expert : Ces deux phtalates sont les plus massivement utilisés dans les articles de grande consommation : jouets, vêtements, chaussures, articles de cuisine C'est pour cette raison qu'ils ont été rapidement intégrés à l'annexe XIV, les preuves sur leur toxicité n'étant plus à faire.
Cependant, ces substances confèrent des propriétés indéniables aux plastiques et PVC auxquels elles sont incorporées : solidité, flexibilité, durabilité et même douceur au toucher... Jusqu'à présent, les substances de substitution proposées ont été rejetées faute de pouvoir garantir les mêmes fonctionnalités.
Reste que si une entreprise concurrente venait à prouver, pendant la période de consultation publique, qu'il existe bel et bien une alternative au DEHP et/ou au DBP pour les usages requis, ce serait un sérieux coup porté aux demandeurs d'autorisations ! D'une part les redevances dépensées au moment du dépôt de dossier seraient perdues, d'autre part la volte-face à opérer en termes de process industriel et d'approvisionnement matière pourrait s'avérer "acrobatique" (cf. Atmosphère International d'octobre 2013)...