Turquie : vers une crise économique inévitable ?

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May 2022

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Ankara traverse une période inflationniste sans précédent. Les chocs économiques de ces dernières années ont attisé la nervosité des investisseurs étrangers et la guerre en Ukraine envenime la situation.

Entre les tensions avec les Etats-Unis depuis 2018, l'importante baisse d'activité touristique liée à la pandémie de Covid-19 et les divers plans de relances inflationnistes érigés par le président Erdogan, la Turquie rencontre une période économique très rude. L’inflation a atteint les 70 % sur un an en avril et le pays s'enlise dans la crise économique. 

A l'inverse de nombreux pays émergents qui, pour endiguer la hausse des prix, ont relevé leurs taux d'intérêt, Ankara a opté pour le choix contraire afin de relancer sa croissance. Cette politique a permis de faire monter le PIB de 11 % en 2021, après avoir évité la récession en 2020. Parallèlement, la monnaie turque a perdu la moitié de sa valeur par rapport à l'euro et au dollar. 

La réaction du gouvernement d'augmenter de 50 % le salaire minimum en début d'année (cf. Sourcing Turquie : augmentation de 50% du salaire minimum dès janvier 2022) a été insuffisante pour soutenir la consommation.

Par ailleurs, le conflit en Ukraine a fait grimper le prix du blé et du pétrole dont le pays est un des principaux importateurs, alors même que les investisseurs sont réticents à financer l'économie. Une chute du PIB de 4 à 8 % est pressentie pour cette année.

Le gouvernement envisagerait d'exiger des exportateurs turcs qu'ils échangent 40 % de leurs devises étrangères en livres (contre 25 % actuellement), dans le but de maintenir une certaine fluidité des capitaux.

Avis d'expert

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Diana CAMMARANO, Experte - formatrice en Global Supply Chain Management chez ACTE International

Les mesures prises par le président Erdogan impactent aussi les prix à la production avec une hausse en décembre dernier qui a frôlé les 80 %. L'augmentation des salaires de ce début d'année afin de redonner du pouvoir d'achat aux consommateurs turcs, renchérira au moins à court et moyen terme les prix d'achat des entreprises qui délocalisent leur production en Turquie. 

Source(s) : Les Echos

Rédacteur(s) :  F. SUNDAC D. CAMMARANO