RSE : la Malaisie lance son 1er plan d’action national contre le travail forcé

ACTualité

décembre 2021

RSE Malaise travail forcé

Pour la première fois, Kuala Lumpur s'attaque au fléau sociétal du travail forcé en prenant des mesures fortes.

Développé par le Ministère des Ressources Humaines malaisien avec le soutien de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), le plan d’action national contre le travail forcé a été présenté le 26 novembre 2021 en présence de représentants du gouvernement, des travailleurs et employeurs, et de la société civile. Déployé sur la période 2021-2025, il a pour but d’éliminer le travail contraint en Malaisie d’ici 2030 en faisant bénéficier les travailleurs migrants d'une meilleure protection, mais aussi de redonner de l'attractivité aux entreprises locales, de plus en plus boycottées par les donneurs d'ordres internationaux.

Le plan définit les actions à mettre en place par le gouvernement, les organisations de travailleurs et d'employeurs, ainsi que la société civile :

  • Amélioration du respect et de l’application de la loi relative au travail forcé (sensibilisation et formation) ;
  • Renforcement de la gestion des travailleurs migrants, y compris les procédures de recrutement ;
  • Meilleur accès aux moyens de recours, de soutien et de protection pour les victimes de travail forcé ;
  • Sensibilisation sur le travail forcé auprès des travailleurs, des employeurs, de la société civile et du gouvernement.

Une revue est prévue en 2023 afin d’évaluer les progrès réalisés suite à la mise en place de ces mesures.

Kuala Lumpur a entamé le processus de ratification du Protocole de 2014 à la Convention de l'OIT sur le travail forcé de 1930. Le gouvernement a accepté que le pays devienne un pionnier de l’Alliance 8.7, partenariat mondial engagé à atteindre la cible 8.7 des Objectifs de Développement Durable à l'horizon 2030, à savoir l’éradication du travail forcé, de l'esclavage moderne, du trafic d'êtres humains et des pires formes de travail des enfants dans le monde.

 

Avis d'expert

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Sylvie THONNERIEUX, Experte - formatrice en Responsabilité Sociétale Internationale chez ACTE International

Avec le lancement officiel de ce plan national, la Malaisie envoie un signal fort à ses donneurs d'ordres internationaux, et en particulier aux Américains. Le problème endémique du travail forcé de travailleurs migrants (en majorité indonésiens, bangladais et népalais) dans l'économie malaisienne est régulièrement mis sur le devant de la scène internationale. Des pays comme les USA ou le Canada n'ont pas hésité à bloquer les importations et à boycotter les produits fabriqués en Malaisie, dans des secteurs aussi variés que l'électronique, l'agro-alimentaire ou les gants de protection en caoutchouc. 

Ces entreprises sont régulièrement accusées de traiter leurs ouvriers migrants comme des travailleurs de seconde classe, qui ne peuvent jouir des mêmes avantages que les travailleurs locaux, en termes de salaires, protection sociale, droits à la négociation collective, temps de travail, salubrité du logement, etc. Ces travailleurs privés de droits sont la proie facile d'agences de recrutement dans leur pays d'origine et en Malaisie, qui ponctionnent des honoraires abusifs sur leurs salaires et les privent de leur liberté de mouvement en retenant leurs passeports.

Le gouvernement malaisien est désormais au pied du mur.  Seule une volonté politique forte pourra faire bouger les lignes de façon pérenne... Rendez-vous en 2023 pour l'efficacité du plan d'action national.

 

Pour aller plus loin...

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Source(s) : ILO

Rédacteur(s) : L.VERBOUW | S.THONNERIEUX