Transport maritime : accord mondial sur la régulation des émissions de CO2

Atmosphère Internationale

avril 2018

Transport maritime CO2

Laissé pour compte lors du sommet de la COP21, le transport maritime se retrouve aujourd’hui dans l’obligation de réguler ses émissions de CO2. Concentrant à lui seul plus de 2,5% des émissions mondiales annuelles de dioxyde de carbone, le secteur pourrait, selon un rapport du Parlement Européen, représenter 17% des émissions mondiales de CO2 d’ici 2050 si aucune mesure n’était prise. Il est donc temps d’agir et de trouver des solutions...

Thème :

Transport, logistique & distribution internationale

Pays :

MONDE

L’Organisation Maritime Internationale (OMI), composée de 173 pays membres, se réunissait la semaine dernière à Londres pour  la 72ème session du Comité de protection du milieu marin : à l’issue de cette réunion, l'engagement a été pris de diminuer la pollution en imposant une réduction d'au moins 40% des émissions de CO2 d'ici à 2030, puis 70% d'ici à 2050. L'autre objectif est de diminuer le volume total des émissions de gaz à effet de serre (GES) d'au moins 50%en 2050 par rapport à 2008.

Certains états tels que l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis se sont montrés réticents lors des négociations. A l’inverse, certains pays du Pacifique et de l’UE étaient plus ambitieux et poussaient pour adopter une réduction de 70% à 100% des émissions de CO2 d'ici 2050.

La feuille de route signée, il faut maintenant se pencher sur la mise en place d’actions concrètes et trouver des alternatives pour arriver aux objectifs fixés…. Le peu d’initiatives "vertes" dans ce domaine restent encore marginales : transport à la voile, porte-conteneurs électriques, traction par une aile,...

On peut se demander quel sera l’impact pour les acteurs du commerce mondial puisque plus de 80% des échanges mondiaux transitent actuellement par voie maritime.

Avis de l'expert : 

Même s’il n’a pas été contraint par l’Accord de Paris, le transport maritime se devait de réguler les émissions de gaz à effet de serre.

Les échanges internationaux qui, en 2017, ont augmenté de 4,7%, privilégient toujours largement le transport par voie maritime, principalement pour des raisons de coûts (très bas) et de volumes disponibles (très élevés).

Mais après l’accord, qu’en sera-t-il des mesures concrètes ?

Aujourd’hui, l’immense majorité des navires de commerce naviguent au fioul lourd, particulièrement polluant puisqu’il émet des quantités de souffre 3 500 fois supérieures au gazole utilisé par les automobiles.

Le retard est considérable, et de plus en plus d’entreprises engagées dans une démarche éco-responsable pourraient se détourner de ce mode de transport tant il pèse lourd dans le bilan carbone...

Les armateurs vont donc devoir inciter les constructeurs à leur proposer des solutions plus "eco-friendly" en proposant des alternatives au fioul lourd. Certains armateurs sont déjà engagés dans cette voie, tels CMA-CGM qui a commandé des porte-conteneurs fonctionnant au gaz naturel liquéfié. D’autres, comme Maersk, juge ses alternatives encore trop coûteuses.

Dans un secteur qui peine encore à sortir d’une crise sans précédent, les compagnies maritimes engageront-elles les investissements nécessaires ?

Sans mesures contraignantes, il est peu probable que le mouvement soit unanime... La mise en application de cet accord devra donc être surveillée de près.

Les importateurs / exportateurs européens pourraient à terme être impactés, car les mesures en faveur de la limitation de l'empreinte carbone auront un coût qui sera probablement reporté sur les taux de fret ALL IN.

A moins que, développées à grand échelle, les alternatives deviennent rapidement rentables... Ce qui nécessiterait une coopération internationale de grande ampleur, associée à des investissements massifs des Etats dans la recherche.

L’OMI a lancé fin mars, le projet GMN, financé par l’Union Européenne, qui a pour vocation d'accompagner le secteur maritime dans la réduction de ses émissions de carbone. Il se base sur la mise en place de centres de coopération de technologie maritime (MTCC) sur les cinq continents et formant un réseau mondial. Ces centres travaillent à la promotion des technologies et des activités qui permettront d'améliorer le rendement énergétique des navires.

Pour aller plus loin...

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Rédacteur(s) : J. BONNETON

Source(s) : www.imo.org | www.geo.fr