Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème COMMERCE INTERNATIONAL
 Pays CHINE / MONDE  Date avril 2015

BAII : la Chine aux manettes du développement économique mondial ?

Synthèse : Banque Mondiale, FMI, Banque Asiatique de Développement… le monde de la finance internationale est bousculé par l'arrivée de la Banque Asiatique d'Investissement pour les Infrastructures (BAII-AIIB), créée à l'initiative de la Chine. Pékin rebat les cartes et marche sur les platebandes américaines et japonaises… enjeux et perspectives ?

Annoncée dès 2013 par le Président chinois Xi Jinping, la BAII dont le siège social est établi à Pékin a vu le jour en octobre 2014. Elle compte à ce jour 57 Etats membres fondateurs dont l'Inde, la Russie, la Corée du Sud, le Brésil, l'Australie, et plusieurs pays européens dont la France, l'Italie, le Royaume Uni et l'Allemagne.

Deux absents de choix dans le nouveau club des financeurs d'infrastructures en Asie : les Etats-Unis qui invoquent le manque de transparence du système de gouvernance, et le Japon réticent à s'associer au projet chinois...

Le pot commun constituant la dotation globale aux investissements devrait atteindre les 800 milliards USD !
Avis de l'expert : De quoi faire trembler le système économique et financier mondial sur ses bases et attiser toutes les convoitises des capitaux internationaux prêts à s'accrocher à la queue d'un dragon indomptable, plutôt que de rester dans la trace d'institutions plus précautionneuses.

Les Etats-Unis et le Japon ne devraient pas résister longtemps à l'appel du large, sauf à perdre définitivement leur pouvoir d'influence au sein d'une BAII qui s'affirme comme le nouveau modèle de banque multilatérale de développement.

De fait, les deux poids-lourds de l'économie mondiale accusent déjà le coup : leurs principaux alliés au sein de la Banque Mondiale ou de la Banque Asiatique de Développement, dont ils détiennent le leadership, ont sauté dans le train chinois sans demander leur avis...

Depuis son entrée à l'OMC en 2001, la Chine n'en finit pas de bousculer l'échiquier économique et financier mondial : après le déploiement de fonds sino-africains, l'implication dans le financement du développement des BRICS, la lutte contre l'omnipotence américaine,... la BAII s'inscrit dans la continuité d'une stratégie globale basée sur l'investissement à grande échelle dans les économies émergentes, futurs moteurs de la croissance mondiale.

Passée de sous-traitant, à producteur et consommateur, la Chine prend désormais le leadership dans les grands projets d'infrastructures au sein des pays en développement : un moyen efficace de booster sa propre croissance en ouvrant des marchés colossaux à ses entreprises, mais aussi d'internationaliser sa monnaie en injectant massivement du yuan dans les fonds d'investissement (cf. Atmosphère Internationale d'avril 2015).

La mainmise sur les grands marchés internationaux accélèrera le développement des opérations commerciales en cross-trade. Les Chinois seront donneurs d'ordre, et demanderont à leurs partenaires sous-traitants d'approvisionner en direct les chantiers engagés : contrats commerciaux, scénarios logistiques et douaniers, pilotage des supply chain, surveillance des engagements RSE et prévention de corruption… la connaissance de ces marchés associée à l'ingénierie d'ACTE International prend toute sa valeur !
Imprimer  A. LE ROLLAND
Source(s) : Usine Nouvelle / La Tribune (avril 2015)
Tous droits réservés © ACTE International (2015)  |  Exonération de responsabilité