Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème SOCIAL / ETHIQUE / RSE
 Pays THAILANDE  Date juin 2012

Salaire minimum : la Thaïlande se met la pression !

Synthèse : +75% sur le minimum légal journalier… une augmentation des salaires qui sonne le glas des industries thaïlandaises à forte utilisation de main d'œuvre ? Un choix politique qui risque en tout cas d'obliger la Thaïlande à revoir sa stratégie de développement économique !

Le nouveau gouvernement élu en 2011 avait promis de porter à 300 THB/jour le salaire minimum légal (contre 170 THB/jour) et 15000 THB/mois pour les salariés diplômés : une mesure fortement contestée par l'ensemble du secteur industriel associé aux chambres de commerce, en raison de son impact potentiellement désastreux sur la compétitivité du pays à l'exportation.

Après des négociations syndicales serrées, il a été convenu le 1er avril 2012 que seules 7 provinces appliqueraient cette hausse à compter de 2014 : Bangkok Nonthaburi, Samut Prakarn, Samut Sakorn, Nakhon Pathom, Pathum Thani et Phuket.

La décision a déclenché un chantage à l'emploi et à la délocalisation de la filière textile vers le Laos, la Birmanie, le Cambodge et le Vietnam.
Avis de l'expert : Des menaces qui auront toutefois du mal à se concrétiser :
  • La Birmanie n'a pas d'infrastructures industrielles ni de compétences disponibles, même si l'évolution politique ouvre de nouvelles perspectives (cf Atmosphère Internationale de mars 2012). L'environnement économique local ne constitue pas pour l'instant une alternative viable pour les investisseurs thaïlandais.
  • La main d'œuvre qualifiée au Cambodge est insuffisante, particulièrement dans le "middle management".
  • Les taux d'intérêts au Vietnam sont encore à deux chiffres et donc le financement des investissements coûteux.
Dans tous les cas, la main d'œuvre qualifiée (et son coût) reste le problème clé... et les options de délocalisation ne semblent pas en mesure de compenser la hausse annoncée des salaires en Thaïlande.

Certains envisagent de rester dans le pays tout en déplaçant les usines hors des provinces concernées par la hausse du salaire minimum d'ici 2014 : ils risquent toutefois de se mettre hors-jeu du fait de sérieuses contraintes logistiques susceptibles de freiner considérablement la fluidité des chaînes d'approvisionnement des donneurs d'ordre étrangers.

Si le gouvernement thaïlandais fraîchement élu reste sur sa ligne, il devra inciter les secteurs industriels les plus gourmands en main d'œuvre à élever le niveau de valeur ajoutée de leurs produits afin de préserver leurs parts de marché à l'export.

La Thaïlande doit désormais se fixer comme objectif de rallier le "club des pays émergents", en sortant de celui des Pays en Voie de Développement...
Imprimer  A. LE ROLLAND
Source(s) : Textile Asia (Mai 2012)
Tous droits réservés © ACTE International (2012)  |  Exonération de responsabilité