Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème ECONOMIE
 Pays USA / FRANCE  Date septembre 2010

"Made in" : un nouveau souffle pour l'industrie occidentale ?

Synthèse : Le 12 août dernier, le président américain a ratifié la première des sept lois qui visent à favoriser le "making it in America". Objectifs annoncés : relancer l'industrie américaine, résorber le déficit commercial et réduire le chômage ... La France n'est pas en reste dans ce domaine : le député Jégo propose pour sa part un système de notation "3 étoiles" pour les produits à haute valeur ajoutée française.

Aux Etats-Unis, contre toute attente, la nouvelle législation pourrait creuser davantage le déficit américain dans un premier temps ... En effet, le texte qui vise à réduire les coûts de production des entreprises, réduit ou suspend les taxes à l'importation de certaines matières premières ou composants : cuir pour les chaussures, fibres synthétiques ou en cachemire, composants électroniques, produits chimiques… En facilitant l'approvisionnement de ses industries, le gouvernement américain souhaite évidemment à terme redynamiser certains secteurs en améliorant leur compétitivité.

Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à œuvrer en faveur d'une ré industrialisation de leur pays.
En effet, le député français Yves Jego préconise, dans son dernier rapport sur le marquage des produits nationaux(*), de rendre obligatoire la mention du pays d'origine sur les produits. En outre, il propose de mettre en place un système de notation à 3 étoiles du "Made in France" :
  • Entre 45% et 60% de valeur ajoutée produite en France : « Made in France » simple
  • Entre 60 et 75% : « Made in France » 1 étoile
  • Entre 75 et 90% : « Made in France » 2 étoiles
  • Au-dessus de 90% de valeur ajoutée : « Made in France » 3 étoiles
Cette position est encouragée par Christian Estrosi, le ministre de l'industrie, qui vient de lancer l'observatoire du " Fabriqué en France ". Les premiers indicateurs démontrent que la part des composants étrangers dans les produits fabriqués en France est de plus en plus grande, notamment dans certains secteurs comme l'aéronautique ou l'automobile.

* Rapport de M. Jégo : "En finir avec la mondialisation anonyme - La traçabilité au service des consommateurs et de l’emploi" (mai 2010)
Avis de l'expert : Le climat politique est tendu outre-Atlantique : le déficit commercial américain a atteint les 50 milliards USD avec la Chine en juin 2010, son niveau le plus important depuis octobre 2008... De plus en plus de voix s'élèvent parmi les parlementaires pour demander des sanctions commerciales à l'encontre de la Chine, mettant fortement en doute la volonté réelle du gouvernement chinois de réévaluer le Yuan (cf Atmosphère Internationale août 2010).

Avec un taux de chômage à 9.5% de la population active, les Etats-Unis doivent également faire face à un "stress" social : selon la National Association of Manufacturers, cette nouvelle loi devrait permettre de créer environ 90 000 emplois ... une bouffée d'oxygène bienvenue pour le gouvernement Obama !

Les élections de mi-mandat, le 2 novembre de cette année, pourraient encourager le président américain à se montrer plus offensif sur l'emploi, d'autant que son objectif de doubler les exportations américaines entre 2009 et 2014 semble d'ores et déjà compromis.

L'approche française est un peu moins ... pragmatique : dans le projet de M. Jégo, il s'agit plus de flatter l'image de marque des produits français que de mettre en place des mesures techniques ou fiscales incitatives pour redévelopper le tissu industriel sur le territoire national.
Toutefois, il est intéressant de comprendre que cette approche a essentiellement pour objectif de booster la consommation en France de produits français : le rapport fait en effet référence à une étude récente qui souligne que 70% des consommateurs français seraient prêts à favoriser les produits a forte valeur ajoutée nationale dans leur comportement d'achat. Un hic tout de même : dans la même étude, seuls 39% des personnes interrogées seraient d'accord pour payer ces produits plus cher ...

Alors quel curseur est le bon ? Celui de l'aide aux secteurs industriels, même au prix d'un déficit commercial accru ? Ou bien celui de la promotion et de la valorisation des produits nationaux auprès des consommateurs en espérant que la demande soutienne le développement économique ?

Dans les deux approches il existe un point commun : le retour à l'exaltation des valeurs nationales, une stratégie compréhensible tant les marges de manœuvre à l'échelle internationale sont minces, même pour la première puissance économique mondiale !
Imprimer  D. CAMMARANO / M. ANTIER
Source(s) : Rapport Y. Jego / Les Echos (mai-août 2010)
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