Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème REGLEMENTATION REACH
 Pays UE  Date octobre 2014

REACH : évaluation de la toxicité des substances assistée par ordinateur ?

Synthèse : Des logiciels de calcul de risque et de toxicité des substances chimiques pour remplacer les milliers de tests et d'analyses en laboratoire... rêve ou réalité ? Les fabricants/importateurs de substances ont l'obligation depuis 2007 de déposer des dossiers sur les caractéristiques potentiellement toxiques ou dangereuses de leurs produits auprès de l'ECHA avant mise sur le marché communautaire. Quels outils et/ou méthodes peuvent-ils utiliser ?
  • L'expérimentation animale : elle doit être utilisée avec parcimonie et uniquement en cas de nécessité car l'ECHA s'est donné comme objectif de réduire autant que possible le recours à ce procédé.
  • Les tests in vitro sur cellules, tissus et organes : une méthode efficace mais très coûteuse.
  • Les tests in silico aussi nommés QSAR (Quantitative Structure-Activity Relationship) qui calculent les interactions des molécules en fonction de leur structure chimique : utilisation mineure pour l'instant.
  • La méthode "read across", dite de lecture croisée, qui consiste à émettre des hypothèses sur la toxicité d'une molécule en la comparant à des molécules analogues : c'est la plus utilisée actuellement.
  • Les logiciels QSPR (Quantitative Structure-Property Relationship) prédisent les propriétés physicochimiques dangereuses (explosibilité, inflammabilité) des substances : en phase de développement.
Les QSPR ont été développés par l'INERIS* et ARKEMA au sein du projet PREDIMOL. Les tests se sont portés dans un premier temps sur deux familles de substances : les peroxydes organiques (contenus dans les polymères) et les amines. Pour ces deux exemples, la mise au point de modèles prédictifs a pris quatre ans.

* INERIS : Institut national de l’environnement industriel et des risques
Avis de l'expert : L'enjeu de l'utilisation de ces logiciels est important tant ils feraient gagner du temps et économiser beaucoup d'argent à tous les industriels et importateurs européens. Malheureusement, comme tout logiciel, le QSPR a besoin de données de base pour faire ses calculs… et celles-ci sont forcément issues des mesures et expérimentations !

Cette avancée concernera donc principalement les nouvelles substances en cours de développement qui bénéficieront de la connaissance issue des dossiers d'enregistrement déposés en 2010, 2013 et lors de la prochaine échéance en 2018 (cf. Atmosphère Internationale de juin 2013).

Avant que des rapports prédictifs obtenus par simple calcul puissent être intégrés dans le processus réglementaire de REACH, il faudra bien entendu que l'ECHA donne son feu vert. Or, il ne sera vraisemblablement pas simple pour l'Agence européenne de valider des modèles mathématiques dans un cadre aussi sensible que celui de l'évaluation des risques pour la santé humaine et l'environnement...

On peut s'attende à des contestations concernant ces nouvelles méthodes de la part des ONG, associations de consommateurs et citoyens européens qui ne manqueront pas de dénoncer le manque de transparence lié à la complexité du fonctionnement des logiciels.

ACTE International met à votre disposition un outil de suivi du processus d'interdiction des substances préoccupantes par la réglementation REACH en libre accès sur notre site Web. Pour toute question ou complément d'information contactez nos experts.
Imprimer  A. LE ROLLAND
Source(s) : L'Usine Nouvelle (octobre 2014)
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