Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème SOCIAL / ETHIQUE - RSEE
 Pays BANGLADESH / CAMBODGE / INDONESIE  Date novembre 2013

Sourcing Asie : coup de chaud sur les salaires minimums !

Synthèse : Augmentation de 75% du salaire minimum des ouvriers de l'industrie textile à partir de décembre au Bangladesh.

Si l'accord "imposé" par le groupe de travail du gouvernement s'applique, le salaire mensuel minimum au Bangladesh pour les quelque 4 millions d'ouvriers de la filière textile/habillement devrait passer de 3 000 BDT (28 EUR) à 5 300 BDT (50 EUR). Il aura fallu trois mois de manifestations intensives pour aboutir à ce compromis, alors que les ouvriers réclamaient 8 114 BDT/mois (77 EUR).

Et il ne s'agit pas d'un cas isolé en Asie...

De véritables émeutes ont récemment eu lieu au Cambodge pour les mêmes motifs, alors que le salaire minimum des 650 000 ouvriers a été récemment porté de 45 à 59 EUR/mois dans les secteurs du textile et de la fabrication des chaussures. Une augmentation jugée encore très insuffisante par les syndicats qui réclament 111 EUR/mois.

Après deux jours de grève générale en Indonésie, le Gouverneur et l’association patronale ont accordé une hausse de 9% du salaire minimum s’appliquant à Jakarta, portant celui-ci à 158 EUR/mois. Selon les syndicats de travailleurs, le nouveau salaire minimum est toujours trop bas car il ne compense pas l’inflation.
Avis de l'expert : La tension sur les salaires se mondialise !

En Indonésie, les accords salariaux se négocient au niveau régional : les disparités sont très significatives entre régions, secteurs industriels et catégories professionnelles (les travailleurs migrants n'ont pas droit au salaire minium)... Les syndicats d'ouvriers commencent à revendiquer un alignement sur les salaires chinois actuellement en forte progression (cf. Atmosphère Internationale de mai 2013).

Au Cambodge, où la majorité des usines textiles reste détenue par des capitaux chinois, l'OIT a récemment signalé une détérioration des conditions de travail. Dans ce pays jusque-là considéré comme le bon élève en matière éthique et sociale, les pouvoirs publics et le patronat sont réticents à augmenter les salaires, redoutant de perdre des parts de marché au profit du Bangladesh ou du Myanmar où la main-d'œuvre est encore moins chère...

Le contexte social au Bangladesh est particulièrement tendu : la tragédie du Rana Plaza est encore dans toutes les mémoires et pèse fortement sur les négociations toujours en cours du "Fire and Building Safety Act" (cf. Atmosphère Internationale de mai 2013), donnant lieu à un véritable bras de fer entre OIT, syndicats internationaux, donneurs d'ordre étrangers, fournisseurs et gouvernement du Bangladesh.

Les marques occidentales sont particulièrement montrées du doigt par les patrons des usines de confection pour leur politique de pression sur le prix d'achat qui, selon eux, ne permet pas d'augmenter significativement les salaires des ouvriers. Un discours également entendu en Indonésie et au Cambodge auquel fait écho le leitmotiv des donneurs d'ordre : "si nous achetons trop cher, nous ne pourrons plus vendre...".

Pourtant les acheteurs signent des engagements, affichent des valeurs et exigent de leurs fournisseurs des conditions de travail "acceptables" par les consommateurs occidentaux. : on ne peut raisonnablement d'un côté prôner une politique achat responsable et de l'autre suspendre une collaboration pour quelques centimes d'euros d'augmentation par pièce !
Imprimer  A. LE ROLLAND
Source(s) : Fashion Mag / Le Monde.fr / industriALL (novembre 2013)
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