 | Atmosphère Internationale la lettre de veille stratégique du commerce international
| ||||||||
TPP : le partenariat transpacifique défie la Chine ! |
| Synthèse : Au lendemain de la signature, le 4 février 2016, de l'accord de partenariat transpacifique (TPP), son principal artisan s'est voulu limpide sur ses intentions : "Nous ne pouvons pas laisser des pays comme la Chine écrire les règles de l'économie mondiale"... Devant l'insistance de la Chine auprès de l'OMC pour obtenir le statut d'économie de marché (cf. Atmosphère Internationale de janvier 2016), et quelques mois avant les élections présidentielles américaines de novembre 2016, Barack Obama cherche à affirmer la suprématie des Etats-Unis face au géant asiatique. Le TPP est en passe de devenir la plus vaste zone de libre échange au monde : les Etats-Unis et ses 11 partenaires (cf. Atmosphère Internationale d'octobre 2015) représentent à eux seuls 40% de l'économie mondiale et 2 400 milliards USD/an d'échanges commerciaux... Le traité devrait créer des nouvelles zones de développement et offrir, d'ici 2015, de bonnes perspectives de croissance pour les pays à faible coût de main d'œuvre comme la Malaisie et le Vietnam. Contredisant l'idée d'un conglomérat économique visant l'autarcie, les promoteurs du TPP indiquent que le traité débouchera d'ici la fin de sa ratification (2018), non seulement sur une disparition des droits de douane entre les pays membres, mais également sur l'ouverture de nouveaux marchés au commerce mondial... Pour autant, le TPP ne fait pas que des émules : selon ses détracteurs, l'accord privilégie les entreprises par rapport aux Etats grâce à la clause du "mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États". En substance, les multinationales pourront faire appel à des tribunaux d'arbitrage privés en cas de contentieux avec les gouvernements des pays signataires. Le traité leur garantit également le droit de ne pas voir leurs investissements remis en cause lors de changements de gouvernement dans un pays membre. |
| Avis de l'expert : Le rythme d'avancement de ce projet est pour le moment conforme au calendrier (cf. Atmosphère Internationale d'octobre 2015). Les 12 pays ont donc désormais deux ans pour faire ratifier le traité par leurs parlements et congrès respectifs : mais la partie est loin d'être gagnée car les enjeux politico-économiques sont énormes ! L'agenda politique aux Etats-Unis pourrait d'ailleurs peser lourdement dans la balance et retarder le processus de ratification... Le président Obama qui souhaite clairement faire contrepoids à la Chine dans la zone Asie-Pacifique, presse le Congrès américain de lui emboîter le pas : mais les républicains, pourtant généralement favorables à la signature d'accords de libre échange, ne souhaitent pas accorder cette victoire politique à un démocrate. Dans son propre camp, des voix s'élèvent d'ailleurs pour contester certains aspects du traité et demandent des amendements. D'autres détracteurs craignent un nouvelle vague de délocalisations au détriment de l'emploi aux Etats-Unis. Même si l'impact favorable de cet accord sur le commerce international et la croissance mondiale semble faire l'unanimité, l'optique d'un rapport de force direct entre superpuissances sur une même zone d'influence laisse les économistes dubitatifs sur ses retombées réelles... A noter que les crispations autour du mécanisme de règlement des différends sont similaires à celles qui freinent la progression des négociations actuelles entre les Etats-Unis et l'UE dans le cadre du projet d'accord de partenariat transatlantique, ou TTIP (cf. Atmosphère Internationale de décembre 2015). Enfin, on ne peut concevoir plus grand écart entre le projet d'accord mondial sur le commerce soutenu par l'OMC (cf. Atmosphère Internationale d'août 2014), et ce traité de libre échange multilatéral qui implique de nouvelles règles entre Etats membres... et pays tiers !  Consultez la vidéo en ligne de notre Webinar du 21/01/2016 :Commerce mondial : rétrospective 2015 et perspectives 2016 |
| ||
|
