Droits anti-subventions UE/Chine : Pékin riposte à l’attaque de Bruxelles

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June 2024

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En réponse à l’annonce de Bruxelles sur l’application éventuelle de droits anti-subventions visant les véhicules électriques chinois, Pékin a menacé d’ouvrir une enquête anti-dumping sur certains produits européens importés en Chine. S’engage-t-on vers une guerre commerciale ?

Mercredi 12 juin, la Commission européenne a annoncé qu’elle envisageait de mettre en place des droits anti-subventions provisoires supplémentaires, s’élevant de 17,4 % à 38,1 %, sur les voitures électriques chinoises et ce, dès le 4 juillet. Ces droits viendraient donc s’ajouter aux 10 % de droits de douane déjà appliqués sur les véhicules neufs chinois importés sur le territoire communautaire. Cette décision découle des conclusions préliminaires de l’enquête anti-subventions ouverte par Bruxelles en octobre 2023 (cf. L'UE ouvre une procédure antisubventions contre les véhicules électriques chinois) qui viennent d’être publiées et laissent apparaître que la chaîne de valeur des véhicules électriques à batterie en Chine bénéficie de subventions de l’Etat jugées déloyales, portant ainsi un préjudice économique conséquent aux producteurs européens.

Ces nouveaux droits anti-subventions devraient varier en fonction des constructeurs automobiles, proportionnellement au niveau de subventions publiques perçues. Le constructeur public chinois SAIC devra s’acquitter des droits les plus élevés, soit 38,1 %, Geely de 20 % et BYD de 17,4 %. Les autres fabricants ayant coopéré à l'enquête seront soumis au droit moyen pondéré de 21 % et ceux n’ayant pas coopéré, au droit résiduel de 38,1 %.

Si cette mesure de l’UE n’est pas encore définitive et a pour but d’ouvrir les négociations, il n’aura pas fallu longtemps à Pékin pour réagir en annonçant l’ouverture d’une enquête antidumping sur les importations de porc et de produits à base de porc en provenance de l'Union européenne. La mesure inquiète particulièrement l’Espagne, le plus gros importateur européen de produits porcins en Chine (560 000 tonnes vendues l'an dernier pour une valeur de 1,2 milliard d’euros), devant le Danemark, les Pays-Bas et la France. Reste à voir si d’autres produits pourraient être visés par Pékin. Si Xi Jinping s’était montré rassurant lors de sa visite en France début mai quant à l’enquête menée par la Chine sur les eaux-de-vie européennes visant majoritairement l’armagnac et le cognac français (cf. Chine-France : visite officielle du Président chinois à Paris), toute volte-face est encore possible, les conclusions n’ayant pas encore été rendues. D’autres produits agricoles, tout comme le secteur de l’aviation, pourraient également subir les foudres de Pékin. 

Source(s) : Commission européenne | La Tribune | Les Echos

Rédacteur(s) : C. BEDOUIN