Fret maritime : un accord international pour réduire les émissions de CO2

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juillet 2023

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Parvenir à la neutralité carbone du fret maritime international d’ici 2050 : tel est le nouvel objectif que se sont fixés les membres de l'Organisation maritime internationale (OMI).

Vendredi 7 juillet, les 175 pays membres de l'Organisation maritime internationale (OMI), instance de l’ONU (Organisation des Nations Unies) chargée d'assurer la sécurité et la sûreté des transports maritimes et de prévenir la pollution des mers et de l'atmosphère par les navires, ont négocié un accord international visant à décarboner le secteur du fret maritime. Très polluant, le transport maritime qui permet d’acheminer 80 % des produits consommés sur la planète, est responsable de près de 3% des émissions de CO2 mondiales. Si aucune action n’est mise en place, ce chiffre pourrait exploser puisque les volumes du commerce maritime devraient tripler d’ici 2050.

Cet accord vise donc une nouvelle stratégie plus ambitieuse que celle prévue il y a cinq ans : atteindre la neutralité carbone pour le fret maritime international d’ici 2050. En 2018, les objectifs s’étaient arrêtés sur une réduction de moitié par rapport à l’année 2008 (cf. Transport maritime : accord mondial sur la régulation des émissions de CO2). Des points de contrôle indicatifs (donc non-contraignants) sont prévus : - 20 % d’émissions annuelles de gaz à effet de serre (GES) par rapport à 2008 en essayant d’atteindre -30 % d’ici 2030, et -70 % en visant -80 % d’ici 2040.

Si l’Union européenne rêvait d’objectifs plus poussés avec une réduction de 83 % d’ici 2040, les Iles-États du Pacifique, clairement menacées de submersion par le réchauffement climatique, et soutenues par les Etats-Unis, le Canada et le Royaume-Uni, réclamaient une baisse de 96 % d'ici 2040. Le Brésil, l'Argentine et la Chine, gros exportateurs, se sont opposés à ces demandes tout comme à la proposition de taxe carbone soutenue par la France qui, selon eux, pourrait nuire à la sécurité alimentaire ou pénaliser les pays en développement. Le Pérou, l’Afrique du Sud et l’Australie sont également réfractaires à la mise en place d’une taxe carbone.

Maintenant que les objectifs sont fixés, tout reste à faire ! Il va falloir décarboner 100 000 navires circulant pour le moment à l’énergie fossile avec, pour l’heure, peu d’alternatives à ces carburants. Agir au cas par cas sera nécessaire, en choisissant différentes solutions en fonction des types de navires et de secteurs. La réduction de la vitesse (et donc de la consommation !) pourrait en faire partie car finalement, nombre de navires restent plusieurs semaines au mouillage à l’arrivée dans les grands ports européens embouteillés. La propulsion vélique peut être une autre piste (cf. Transport maritime : la voile pour réduire la facture énergétique des cargos). Du côté des carburants alternatifs, trois solutions sont envisagées : le gaz naturel liquéfié considéré comme carburant de transition mais qui reste une énergie fossile, les biocarburants à condition qu’ils soient effectivement durables (cf. Transport aérien : les compagnies aériennes font leur stock de biocarburants), et les carburants de synthèse, appelés e-carburants ou e-fuels, option la plus verte mais pour le moment nettement plus onéreuse.

On estime que décarboner entièrement l'industrie maritime pourrait coûter entre 257 et 317 milliards de dollars par an, entre 2030 et 2050.

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Source(s) : OMI | Les Echos

Rédacteur(s) :  | C.BEDOUIN