Esclavage moderne : le rapport 2023 de Walk Free est paru

ACTualité

July 2023

Selon le Global Slavery Index 2023, les crises des dernières années (Covid-19, conflits armés, ...) ont aggravé les risques liés à l'esclavage moderne et les pays riches ont manqué à leur devoir de protection des plus vulnérables.

La fondation australienne Walk Free a publié, en mai, son Global Slavery Index 2023, rapport phare publié tous les cinq ans qui évalue la situation mondiale concernant l'esclavage moderne et le travail forcé. Selon cette étude basée sur l’année 2021, 50 millions de personnes dans le monde vivent dans une situation d'esclavage moderne dont 28 millions victimes de travail forcé et 22 millions de mariage forcé. Les femmes, les enfants et les migrants restent les plus touchés par ce fléau. Force est de constater que les crises des cinq dernières années (Covid-19, conflits armés, dégradation de l'environnement, etc.) ont augmenté les risques d'esclavage moderne et impacté les progrès destinés à l'éradiquer.

L'indice mondial de l'esclavage de Walk Free constitue l'ensemble de données le plus complet au monde. Ces données sont utilisées pour mobiliser de puissantes forces de changement contre les violations des droits de l'homme, Walk Free travaillant en lien étroit avec les gouvernements, les entreprises, les chefs religieux ou encore les dirigeants des communautés pour faire évoluer les mentalités.

Les dix pays où la prévalence de l'esclavage moderne est la plus élevée sont la Corée du Nord, l'Érythrée, la Mauritanie, l'Arabie saoudite, la Turquie, le Tadjikistan, les Émirats arabes unis, la Russie, l'Afghanistan et le Koweït. Ce sont généralement des pays présentant des caractéristiques politiques, sociales et économiques similaires, avec parfois une certaine instabilité politique, des conflits ou encore de l'autoritarisme. Dans certains pays, le gouvernement oblige les citoyens à travailler dans des secteurs définis, dans des prisons privées ou encore pratique la conscription forcée. D'autres pays accueillent un grand nombre de réfugiés ou de travailleurs migrants, vulnérables à l'exploitation. D’autres encore, ont hérité de systèmes d'esclavage héréditaires qui continuent à se perpétuer.

Le travail forcé est essentiellement pratiqué dans les pays à revenu moyen inférieur et moyen supérieur ayant un lien étroit avec la demande des pays à revenu supérieur par le biais de chaînes d'approvisionnement complexes et opaques. Les pratiques d'achat des gouvernements et des entreprises les plus riches alimentent ainsi l'exploitation des pays à faible revenu dans les chaînes d'approvisionnement mondiales, les pays du G20 représentant plus de 75 % du commerce mondial.

Depuis la précédente édition du Global Slavery Index en 2018, les améliorations globales apportées par les gouvernements pour lutter contre l'esclavage moderne ont été moins nombreuses et plus faibles que la situation ne l'exige. C'est la loi australienne sur l'esclavage moderne qui a connu l'amélioration la plus remarquable, car elle oblige certaines entreprises à rendre compte des risques d'esclavage moderne dans leur chaîne d'approvisionnement et des mesures qu'elles prennent pour y remédier.

En Australie, une boîte à outils de bonnes pratiques (Good Practice Toolkit : strengthening modern slavery responses) a d’ailleurs été développée pour fournir aux entreprises australiennes des conseils en matière de diligence raisonnable et droits de l'homme, et pour les aiguiller sur la manière de répondre à la loi australienne sur l'esclavage moderne (Modern Slavery Act - MSA). Basée sur plusieurs années de recherche collaborative, cette boîte à outils fait ressortir les deux domaines dans lesquels les entreprises doivent accentuer leurs efforts : leur engagement avec les parties prenantes et leur engagement avec les fournisseurs. En effet, impliquer les parties prenantes, les travailleurs et leurs représentants, est un élément crucial de la diligence raisonnable en matière de droits de l'homme. Par ailleurs, donner la priorité aux fournisseurs ayant démontré leur respect des droits de l'homme semble également la meilleure option. Ce guide ne se contente pas de prodiguer des conseils, il expose des exemples concrets de bonnes pratiques. S’il a initialement été créé pour les entreprises australiennes, c'est un outil précieux qui peut tout à fait être  utilisé par les entreprises du monde entier.

Pour aller plus loin...

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Source(s) : Walk Free | Business-humanrights.org

Rédacteur(s) : C. BEDOUIN