Transport maritime : les grandes alliances en porte-à-faux vis à vis des règles de concurrence

ACTualité

September 2022

Maritime

La pression monte contre les grands armateurs, régulièrement soupçonnés de pratiques anticoncurrentielles. En juillet, les organisations professionnelles européennes et internationales ont demandé à Bruxelles de réviser les règles de concurrence pour le transport maritime conteneurisé.

Malgré la pandémie, l’industrie du transport maritime a totalisé un profit de plus de 186 milliards de dollars en 2021. Les taux de fret, qui ont explosé sur de nombreux itinéraires, restent trois à quatre fois plus élevés qu’en 2019.

En juillet, l'International Transport Forum (ITF), rattaché à l'Organisation de coopération et de développement economiques (OCDE), déplorait la faible contribution financière des transporteurs maritimes aux infrastructures portuaires, tout en dénonçant aussi l'accumulation des retards (plus de deux navires sur trois arrivent hors délais).

Les trois grandes alliances principales (Ocean Alliance, 2M et The Alliance) qui cumulaient 95 % de la capacité totale des navires en 2020, dominent en effet à 80 % les routes les plus fréquentées. Leurs profits pourraient caracoler à près de 260 milliards de dollars cette année.

C'est dans ce contexte que dix organisations professionnelles représentant les commissionnaires de transport, les opérateurs de terminaux portuaires et d'autres maillons de la chaîne d'approvisionnement exigent de Bruxelles le lancement immédiat de la révision du règlement Consortia Block Exemption, permettant les alliances entre opérateurs de lignes maritimes. Les parties concernées pourront présenter des éléments de preuve et des arguments sur la manière dont la Commission européenne devrait agir pour garantir une équitabilité et transparence du marché du transport maritime par conteneurs.

En effet, ce règlement d'exemption permet notamment aux compagnies de transport conteneurisé d’échanger certains renseignements  concernant le nombre, la taille des navires déployés ainsi que la fréquence des départs sur les routes commerciales du monde entier, et de partager légalement leurs capacités. 

Ce cadre juridique, loin de faire l'unanimité chez les clients, s'achève normalement fin avril 2024. La Commission a lancé un appel à contribution aux diverses parties prenantes du secteur qui devront répondre d'ici le 3 octobre prochain au questionnaire de Bruxelles.

Avis d'expert

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Diana CAMMARANO, Experte - formatrice en Global Supply Chain Management chez ACTE International

Les bénéfices records engrangés par les compagnies maritimes depuis 2021 font couler beaucoup d'encre depuis ces derniers mois et créent des remous au sommet de certains Etats. Les autorités de plusieurs pays, dont la France et les États-Unis, ont lancé des enquêtes contre les grandes compagnies maritimes accusées de pratiquer une tarification abusive.

La grogne monte encore d'un cran à tous les niveaux de la chaîne logistique internationale. En effet, malgré un niveau de taux de fret démesuré, la qualité de service n'est pas au rendez-vous. Les retards s'accumulent dans de nombreux ports du monde aussi bien au départ qu'à l'arrivée. C'est le cas ces dernières semaines dans les ports français également. La pénurie de chauffeurs, le manque de personnel dans les ports, des infrastructures portuaires pas toujours adaptées, font que les navires mettent de plus en plus de temps à décharger les cargaisons. Cette situation génère des frais additionnels liés au stationnement prolongé des conteneurs dans les ports et à leur détention plus longue que prévue, faisant encore augmenter la facture de transport payée par les exportateurs/importateurs et au final, par les consommateurs.

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Source(s) : Les Echos

Rédacteur(s) : F. SUNDAC | D. CAMMARANO