Rapport de l'OIT : 50 millions de personnes victimes de l'esclavage moderne dans le monde

ACTualité

septembre 2022

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L'Organisation Internationale du Travail (OIT) a publié lundi 12 septembre un rapport statistique sur l'esclavage moderne dans le monde. Les chiffres sont en hausse depuis cinq ans.

Dans une étude publiée ce lundi avec l'Organisation Internationale des Migrations (OIM) et l'ONG Walk Free Foundation, l'Organisation Internationale du Travail (OIT) révèle qu'en 2021, 50 millions d'individus étaient concernés par l'esclavage moderne au niveau mondial. Par esclavage moderne, on entend toutes les formes de travail forcé et/ou mariage forcé, c'est-à-dire toutes les "situations d'exploitation qu'une personne ne peut refuser ou auxquelles elle ne peut échapper en raison de menaces, de violence, de coercition, de tromperie ou d'abus de pouvoir".

Depuis la dernière expertise de l'OIT sur le sujet en 2017, les chiffres font ressortir une hausse très nette du nombre de personnes victimes de ces atrocités (10 millions de plus en 5 ans), femmes, enfants et travailleurs migrants demeurant les cibles les plus vulnérables. La pandémie du Covid 19, les conflits armés, les conséquences du changement climatique sur la nature et les populations sont autant d'explications à ce triste bilan, bien loin des ambitieux Objectifs du Développement Durable.

Si 22 millions de personnes sont emprisonnées au sein d'un mariage forcé, souvent initié par le cercle familial, en majorité dans la région Asie Pacifique, l'Afrique et les Etats arabes, 28 millions d'individus sont assujettis au travail forcé dans toutes les régions du monde (hausse de 2,7 millions entre 2016 et 2021). Les migrants sont particulièrement touchés, principalement dans le secteur privé (86 %). Les secteurs d'activité les plus touchés sont les services, l'industrie manufacturière, la construction, l'agriculture et le travail domestique.

Le rapport se conclut par des préconisations principalement à destination des gouvernements mais qui concernent également les entreprises, comme une meilleure application des lois et des inspections du travail, la fin du travail forcé d'État, une protection sociale et juridique plus large, une meilleure protection des travailleurs migrants, notamment par la promotion d'un recrutement plus éthique et enfin un soutien accru aux femmes, aux filles et aux personnes vulnérables. Les syndicats, les organisations du travail et tous les citoyens sont également appelés à s'engager pour lutter plus globalement contre ce fléau universel qu'est l'esclavage moderne.

Avis d'expert

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Sylvie THONNERIEUX, Experte - formatrice en Responsabilité Sociétale Internationale chez ACTE International

Face à l'aggravation de la situation de l'esclavage moderne dans le monde, que peut réellement faire une entreprise pour se prémunir au maximum de ce fléau dans sa supply chain internationale ?

Dans ses efforts de diligence raisonnable, l'entreprise s'engage à faire tout ce qui est en son pouvoir pour limiter les impacts négatifs de son activité dans sa chaîne d'approvisionnement et accroître son influence positive. Cela passe avant tout par une veille constante et une bonne connaissance de la situation économique, politique, sociale, éthique, environnementale et climatique dans ses pays d'approvisionnement, afin de pouvoir répertorier et analyser les risques lors du travail de cartographie et adapter ses process pour mieux prévenir ces risques. 

Risque de travail forcé de travailleurs migrants en Turquie, en Malaisie, à Taïwan, risque de servitude pour dette pour les jeunes femmes dans les usines de textile en Inde, risque de travail d'enfants dans le secteur agricole en Amérique du Sud, de travail forcé dans les mines en République Démocratique du Congo ou les usines du Xinjiang en Chine... beaucoup de ces risques sont désormais largement documentés. 

La prévention passera par le partage de valeurs et d'engagements sur le respect des droits humains, du droit du travail, du dialogue social, sur la protection des personnes vulnérables, l'absence de discrimination et de harcèlement, etc. repris dans un document de référence comme le Code de Conduite. Le respect de ces engagements par vos partenaires commerciaux pourra être évalué par les audits sociaux réalisés localement par des auditeurs expérimentés et formés sur ces sujets spécifiques.

Et au final, il reviendra au chef d'entreprise de décider, en toute connaissance de cause, d'éviter le risque en recherchant des solutions alternatives de sourcing plus sûres, ou de l'affronter, en multipliant les efforts de dialogue, de prévention et de contrôle auprès de ses partenaires dans sa chaîne de valeur.  

Pour aller plus loin...

ACTE International, spécialiste en Global Supply Chain Management et cabinet d'audit international et d'expertise-conseil en RSE réalise votre cartographie des risques et vous accompagne dans le déploiement de votre plan de vigilance et politique éthique en Asie, Afrique, Europe et Amériques.

Source(s) : OIT LES ECHOS 

Rédacteur(s) : S. SERVIERE | S.THONNERIEUX