Chine : les récents confinements fragilisent l'économie du pays

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September 2022

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En dépit d'un faible nombre de cas positifs au Covid-19, Pékin maintient des mesures sanitaires draconiennes. Une attitude qui risque de peser lourd sur l'économie du pays, déjà affaiblie par la canicule.

Depuis fin août, la Chine affiche des performances économiques déplorables, conséquences des températures estivales élevées et de la multiplication des confinements dans plusieurs régions. L'activité manufacturière n'est décidément pas au beau fixe. Pourtant, malgré le peu de contaminations, Pékin s'entête à pratiquer sa politique "zéro Covid". Dès qu'un cas est constaté, le confinement est imposé. Les usines sont fermées ou tournent au minimum et en vase clos, les employés logeant sur place.

Le 30 août, 84 villes à risque moyen ou élevé, représentant un tiers du PIB du pays, ont dû mettre en place des restrictions, contre 35 un mois auparavant. A Chengdu, métropole high-tech de l'ouest chinois, les 21 millions d'habitants sont soumis à des mesures strictes alors que seulement 140 cas ont été recensés. Capitale du Sichuan, sixième plus grande ville du pays, elle représente un bassin industriel important, notamment pour l'industrie automobile et électronique. Même chose à Shenzen où 71 cas ont été détéctés. A Shanghai, capitale économique chinoise, l'activité peine à reprendre sa vigueur d'antan après les confinements d'avril et mai (cf. Chine : les retards portuaires s'aggravent à Shanghai).

Ces confinements auront forcément des conséquences économiques désastreuses pour le pays. Si certains espèrent un relâchement des restrictions après le 16 octobre, date du 20e congrès du Parti communiste chinois au cours duquel Xi Jinping souhaite lancer sa campagne pour un troisème mandat présidentiel en vantant sa victoire face au virus, certains sont plus frileux et estiment que Pékin continuera sa chasse au Covid au moins jusqu'en mars 2023. 

Avis d'expert

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Diana CAMMARANO, Experte - formatrice en Global Supply Chain Management chez ACTE International

Les décisions prises par Pékin impactent fortement l'économie chinoise. Les économistes anticipent un recul du PIB qui devrait s'établir à 4,4 % en 2022 selon le FMI, le taux de croissance le plus faible depuis ces quarante dernières années, alors que Pékin s'était fixé l'objectif de 5,5 %. Les ventes au détail sont en baisse de 11,1 % sur un an et le chômage était à 6,1 % en avril, proche du record des 6,2 % en février 2020 au plus fort de la crise sanitaire. 

La position de Xi Jinping est assez incompréhensible. Une des grandes préoccupations du pouvoir est d'avoir un taux de chômage le plus bas possible pour préserver la paix sociale dans un pays qui compte plus de 1,3 milliard d'habitants avec une population vieillissante.

La Chine sait également que, malgré sa volonté stratégique de miser de plus en plus sur la consommation intérieure, sa croissance continue d'être très dépendante de ses exportations.

D'autre part, les répercussions se feront sentir sur la croissance économique mondiale : l'impact est déjà significatif sur les chaînes d'approvisionnement du monde entier, provoquant au minimum des retards importants de livraison, voire des pénuries. Les pays fournisseurs de la Chine seront également forcément affectés. 

Source(s) : Les Echos | Les Echos

Rédacteur(s) : C. BEDOUIN | D. CAMMARANO