Transport international : l'Opep baisse sa production de pétrole

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septembre 2022

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Lors de sa réunion du 5 septembre, l'Opep+ a annoncé une réduction de sa production de pétrole de 100 000 barils par jour dès le mois d'octobre. Une première depuis plus d'un an, qui va à l'encontre des attentes des Occidentaux.

Alors que les puissances occidentales lui réclament depuis des mois d'ouvrir plus largement les vannes pour relâcher la tension sur les prix, l'Opep+, Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, a annoncé, lundi 5 septembre, à l'occasion de sa très attendue réunion mensuelle, une baisse de sa production de pétrole de 100 000 barils quotidiens en octobre. 

A peine l'annonce prononcée, les cours de l'or noir ont bondi de 4 %, propulsant le prix du baril de Brent (brut de mer du Nord), référence européenne, à 97 dollars et celui du WTI (West Texas Intermediate), référence américaine, au-dessus des 90 dollars. 

Avant cette décision, le prix du pétrole avait enregistré sa troisième baisse mensuelle consécutive, les investisseurs craignant que le resserrement de la politique monétaire et le ralentissement économique de la Chine n’affectent la demande de brut. Début août, les treize membres de l'Organisation avaient décidé d'augmenter a minima leur production avec seulement 100 000 barils par jour en septembre, la plus faible augmentation depuis 1986, alors qu'une hausse plus conséquente (648 000 barils par jour) avait été annoncée en juin et juillet (cf. Transport international : l'OPEP ouvre les vannes tout en ménageant Moscou). 

Geste symbolique envoyé aux Occidentaux qui commencent à entrevoir la possibilité de conclure un accord avec l'Iran, cette baisse a été décidée à l'unanimité par l'Opep+. Moscou, qui y était défavorable, a fini par suivre l'avis général, Ryad en tête. L'Arabie Saoudite n'a donc pas succombé aux demandes des présidents français et américain formulées en juillet. Les deux chefs d'Etat avaient respectivement tenté de convaincre leur homologue saoudien de pomper davantage pour freiner les coûts du carburant. 

Parallèlement à cela, vendredi 2 septembre, les ministres des Finances des pays du G7 (Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Grande-Bretagne et Etats-Unis) se sont accordés sur un plafonnement à venir du prix du pétrole russe importé, avec un double but : exercer une pression à la baisse sur les prix mondiaux tout en privant Moscou de revenus servant à financer la guerre en Ukraine. Si les modalités d’application du dispositif n’ont pas encore été entièrement dévoilées, on sait néanmoins qu'a été réaffirmée la volonté d’interdire aux compagnies d’assurances de couvrir le transport maritime de pétrole russe si ce dernier est acheté à un prix inférieur ou égal à celui déterminé par la coalition de pays adhérant au plafonnement de prix. Mardi 6 septembre, Moscou balayait cette menace d'un revers en déclarant qu'elle exporterait davantage de brut vers l'Asie. 

L'Opep+ pourrait tenir une réunion d'urgence avant la prochaine prévue le 5 octobre. L'or noir n'a donc pas fini de faire couler de l'encre.

Avis d'expert

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Diana CAMMARANO, Experte - formatrice en Global Supply Chain Management chez ACTE International

Les craintes d'une récession économique dans les pays développés, la chute de la croissance en Chine ont fait craindre une baisse de la demande mondiale et ont donc poussé les cours à leur niveau le plus bas depuis janvier dernier début septembre. La hausse du dollar, devise utilisée pour acheter le pétrole, est un facteur à prendre en compte également puisque cela surenchérit automatiquement le prix du baril.

Les pays membres de l'OPEP+ viennent d'envoyer un message clair aux Etats-Unis et à l'Europe pour dire qu'ils ne sont toujours pas prêts à oeuvrer en faveur d'une baisse du prix du baril qui conduirait à une baisse de leurs mannes financières. 

Vont-ils pouvoir maintenir leur position encore longtemps ? C'est sans aucun doute la loi de l'offre et la demande qui sera déterminante, surtout si un accord est signé par les pays occidentaux avec l'Iran. 

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Source(s) : Les Echos | La Tribune

Rédacteur(s) : C. BEDOUIN | D. CAMMARANO