Pakistan : les inondations affectent la filière textile
ACTualité
septembre 2022
Depuis le mois de juin, le Pakistan est victime de terribles inondations, à la suite de pluies diluviennes. Des répercussions majeures sur l'économie du pays sont attendues, notamment sur l'industrie textile et ses cultures de coton, noyées par les intempéries.
1 355 morts, plus d'un millon d'habitations détruites et 33 millions de personnes touchées : c'est le bilan actuel de la catastrophe naturelle qui ravage le Pakistan depuis plus de 3 mois maintenant. Exportateur majeur du pays, le secteur textile est, de fait, un acteur essentiel de l'économie. Les autorités font état d'une large destruction des récoltes de coton (plus de 45 % de la production du pays), dont la totalité des récoltes dans certaines provinces, ce qui pourrait compromettre non seulement la disponibilité des matières exportées à l'avenir mais aussi leur prix.
Cinquième producteur mondial de coton en 2021, le Pakistan a connu un réel essor des ses indicateurs en 2022 (15 millards d'euros de marchandises à l'export), plaçant ainsi le pays en très bonne position comme fournisseur des Etats-Unis et de l'Union européenne. L'industrie textile constitue également un bassin d'emploi conséquent, puisque 40 % d'actifs travaillent dans la filière, dans ce pays qui compte 220 millions d'habitants. La crise économique actuelle due aux conditions climatiques est donc aussi une crise humanitaire sans précédent pour le pays.
L'enjeu majeur reste le maintien d'une capacité de production suffisante pour répondre au besoin de fonds du pays, nécéssaires à sa reconstruction. Si toutefois le Pakistan devait se tourner vers l'importation de coton pour pallier le manque actuel de matière première, il s'ensuivrait une hausse des cours et un accroissement certain de la concurrence sur ce marché.
Avis d'expert
Au-delà d'une énième catastrophe naturelle avec de dramatiques conséquences sur les populations locales et sur l'économie, ce qui se passe au Pakistan n'est malheureusement qu'un avant-goût des conséquences multilatérales du changement climatique. Les monstrueuses inondations ont été provoquées par des pluies de mousson record et la fonte anormale des glaciers dans les montagnes du nord du Pakistan. Situation exceptionnelle qui devrait encore s'aggraver dans les prochains mois avec plus de pluies attendues.
Pourtant ce pays ne représente que 1% des émissions de CO2 mondiales, une tonne émise par an et par habitant, soit quinze fois moins que les États-Unis ou encore cinq fois moins que la France. La très énergique ministre du Changement climatique pakistanaise est en droit d'exiger que les vrais responsables prennent leurs responsabilités et aident le pays à se relever de cette catastrophe, par des aides à court terme, mais surtout par des politiques plus ambitieuses et volontaires en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Car au final, par un effet boomerang, ce sont bien les économies de ces pays gros consommateurs d'énergie qui seront directement impactées par le manque de réactivité de leurs gouvernants.
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Source(s) : Fashion Network | France Info
Rédacteur(s) : S. SERVIERE | S.THONNERIEUX
