RSE textile : un salaire vital, pas minimal, pour les travailleurs de la mode

ACTualité

July 2022

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Garantir un "living wage" à tous ceux qui fabriquent nos vêtements dans le monde : tel est le but de l'initiative européenne Good Clothes, Fair Pay portée par plusieurs ONG, bien décidées à faire déboucher la problématique sur une loi européenne.

Plusieurs associations se sont regroupées pour lancer, le 19 juillet, une initiative citoyenne européenne baptisée Good Clothes, Fair Pay revendiquant un salaire vital ("living wage"), et non pas seulement minimal, pour les ouvriers du secteur textile. L'objectif final de cette action ? Parvenir à une réglementation européenne qui oblige les marques de vêtements commercialisant leurs produits au sein de l'Union européenne, premier importateur de prêt-à-porter dans le monde, à garantir un salaire vital à toutes les personnes employées le long de leur chaîne de production.

Ce "living wage" permettrait aux travailleurs de vivre tout simplement décemment en couvrant les frais d'alimentation, logement, santé, éducation, protection sociale, transport, épargne et loisirs. Actuellement fixés par les gouvernements des pays producteurs, les salaires minimums légaux restent bien souvent insuffisants. Et la situation s’est aggravée depuis la pandémie. Les ouvriers de l’industrie textile, dont 80 % sont des femmes, touchent une somme deux à cinq fois moins importante que celle nécessaire pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Au Bangladesh, par exemple, le salaire minimum est de 85 euros par mois alors que le salaire vital devrait s'établir entre 250 et 300 euros. 

Le consortium d'ONG se donne un an pour sensibiliser consommateurs et pouvoirs publics, et recueillir le million de signatures requis pour saisir la Commission européenne et légiférer sur ce sujet. 

Avis d'expert

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Sylvie THONNERIEUX, Experte - formatrice en Responsabilité Sociétale Internationale chez ACTE International

Apparemment simple sur le papier, le sujet du salaire décent est bien plus compliqué que cela dans la réalité de la supply chain internationale et il ne peut malheureusement se limiter à faire porter une obligation de moyens et encore moins de résultat sur les seules entreprises. Sur ce sujet, on est loin du consensus international entre les différentes parties prenantes :

  • les pays producteurs veulent à tout prix maintenir les salaires à un niveau très bas pour conserver leur attractivité auprès des investisseurs internationaux,
  • les industriels locaux veulent maintenir et accroître leur rentabilité, rarement pour en distribuer les bénéfices auprès de leurs employés, 
  • les donneurs d'ordres internationaux continuent, même s'il est peu à peu remis en cause, à privilégier le modèle de la fast fashion, basé sur des salaires à très faible niveau,
  • les consommateurs, dont la grande majorité est prête à signer toutes les pétitions en faveur des droits humains, ont encore du mal à accepter de payer plus cher leurs vêtements et à prendre du recul par rapport au shopping/loisir.

Les entreprises, quelle que soit leur taille, font rarement le poids individuellement pour progresser dans la mise en place du salaire décent. Ce sont les actions collectives et multipartites, avec la participation et la bonne volonté des Etats, des organisations internationales comme l'OIT, des syndicats patronaux et ouvriers, nationaux et internationaux, des grandes entreprises multinationales qui font réellement avancer les choses, notamment en renforçant les droits à la représentation et la négociation collective des travailleurs, particulièrement par branche d'industrie.

Pour aller plus loin...

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Source(s) : Fashion Network  | Good Clothes Fair Pay

Rédacteur(s) : C. BEDOUIN | S.THONNERIEUX