Sourcing : la Chine perd du terrain face aux pays d’Asie du Sud et du pourtour méditerranéen

ACTualité

juillet 2022

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Au premier trimestre 2022, les acheteurs internationaux se sont détournés de la Chine, au profit des pays de l’Asie du Sud et du pourtour méditerranéen.

Depuis le début de l’année 2022, pour contrer les perturbations des chaînes d’approvisionnement en Chine notamment dues aux confinements liés à la Covid-19 et à l’engorgement des ports (cf. Transport international : les supply chains à nouveau sous haute tension), les acheteurs occidentaux ont cherché à diversifier leurs portefeuilles fournisseurs. Qima, spécialiste du contrôle qualité, a édité un baromètre sur les demandes d’inspection des fournisseurs au premier trimestre 2022 qui met en lumière le recul du sourcing en Chine au profit d’autres pays. Sans surprise, les chiffres montrent qu’aux États-Unis comme en Europe, la part de Pékin dans les portefeuilles fournisseurs est tombée à son point le plus bas depuis trois ans.

Le Vietnam, souvent considéré comme une alternative à la Chine, a également vu sa part baisser car le pays a été fragilisé par une vague de Covid-19 en février et rencontre actuellement une forte pénurie de main-d’œuvre. Fin 2021, de longs retards de livraison en provenance de ce pays avaient déjà découragé les acheteurs occidentaux, il est donc fort à parier que ces derniers délaissent la piste vietnamienne pour leur sourcing. Le Cambodge, l’Indonésie et les Philippines peinent également à maintenir leur dynamique de croissance.

En revanche, l’Asie du Sud qui avait déjà séduit les acheteurs, notamment américains, en 2021, ne cesse d’attirer de nouveaux clients, en particulier dans les secteurs du textile et des articles ménagers. C’est la demande des acheteurs européens qui y a connu la plus forte progression depuis le début d’année. L’Inde a enregistré une très forte hausse des demandes, avec un bond de 47 % pour les seules marques européennes. Il faut dire qu’avec une chaîne logistique plus courte, l’Inde permet de gagner 20 à 30 jours sur le transport. Autre alternative à la Chine, le Bangladesh a également enregistré une augmentation, mais moins flagrante (+ 6 %).

Part des principaux marchés d'approvisionnement des acheteurs américains et européens. Source Qima.

Part des principaux marchés d'approvisionnement des acheteurs américains et européens.
Source Qima.

Les entreprises européennes se sont également tournées vers la Turquie, marché qu’elles connaissent bien. Mais, phénomène nouveau, Ankara a également bénéficié d’un afflux d’acheteurs américains et asiatiques. Enfin, les efforts de near-shoring des approvisionneurs européens les ont également poussés vers la Jordanie, l’Égypte, le Maroc et la Tunisie.

Avis d'expert

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Sylvie THONNERIEUX, Experte - formatrice en Responsabilité Sociétale Internationale chez ACTE International

Tendance conjoncturelle ou de fond, le "nearshoring", qui est le fait de rapatrier une activité économique dans un pays proche de ses marchés de consommation, apparaît comme une des solutions pertinentes aux tensions actuelles de toutes sortes dans la supply chain internationale qui retardent, paralysent et surenchérissent les approvisionnements des entreprises.

Le simple fait de diversifier ses sources d'approvisionnement, en transférant une partie de ses flux d'Asie vers les Balkans occidentaux, l'Europe de l'Est, le Maghreb ou la Turquie, peut permettre à une entreprise de diminuer ses risques de rupture de supply chain. Cette solution revêt également de multiples avantages, comme la réduction des délais, une gestion financière plus équilibrée des achats et des stocks, potentiellement une qualité d'exécution améliorée.

Attention cependant à ne pas lâcher la proie pour l'ombre : l'analyse de la qualité de la main-d'œuvre et des infrastructures, industrielles ou logistiques, une réflexion en coût total d'acquisition, restent les principaux critères de choix d'une démarche de "nearshoring" réussie. Sans oublier la nécessaire pré-évaluation des risques sociaux, éthiques et environnementaux accompagnant tout nouveau projet de sourcing.

En tout état de cause, la Chine demeure un partenaire incontournable pour la grande majorité des opérateurs internationaux, que ce soit directement ou indirectement : elle reste en effet le premier investisseur au monde, et notamment dans les infrastructures industrielles des pays qui lui prennent des parts de marché comme le Vietnam ou la Turquie, mais également la première bénéficiaire des investissements directs à l'étranger (IDE) dans le monde.

 

Pour aller plus loin...

ACTE International, spécialiste en Global Supply Chain Management et cabinet d'audit international et d'expertise-conseil en RSE réalise votre cartographie des risques et vous accompagne dans le déploiement de votre plan de vigilance et politique éthique en Asie, Afrique, Europe et Amériques.

Source(s) : LE MOCI | QIMA

Rédacteur(s) : C. BEDOUIN | S.THONNERIEUX