BRICS : un rempart autour de Moscou contre l'Occident ?
ACTualité
juillet 2022
Les 23 et 24 juin, le 14e sommet des BRICS, qui a réuni Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, a permis à Moscou de montrer qu'elle n'était pas seule face à l'Occident.
Organisé en virtuel depuis Pékin les 23 et 24 juin, le 14e sommet des BRICS a rassemblé Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, cinq pays qui représentent à eux seuls plus de 40 % de la population planétaire et un quart du PIB mondial. L'occasion pour Vladimir Poutine de s'afficher en présence d'autres dirigeants mondiaux, et ainsi de montrer qu'il n'est pas mis au ban de toutes les nations. Le discours du président chinois, Xi Jinping, a immédiatement confirmé le soutien public de Pékin à Moscou. Les autres pays membres n'ont pas condamné la Russie pour ses actions, y compris le Brésil qui avait pourtant voté contre Moscou aux Nations unies.
Le président russe a appelé ses homologues à coopérer face aux décisions politiques des pays occidentaux, estimant que les conséquences néfastes sur l'économie mondiale découlaient des sanctions prises à l'encontre de son pays depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, et non à l'offensive en elle-même. La Chine, son allié de toujours, a parfaitement corroboré ces propos, condamnant l'action du G7 et de l'OTAN, et émettant le souhait d'ouvrir l'accès des BRICS à d'autres pays. L’Argentine et l’Iran auraient d'ailleurs déposé des demandes d’adhésion en début de semaine dernière. La Thaïlande, qui cherche également à resserrer ses liens avec les BRICS, a prononcé un discours lors de ce 14e sommet, indiquant qu'elle espérait collaborer avec les pays membres par le biais de l'ASEAN (Association des Nations d'Asie du Sud-Est).
Avis d'expert
Diana CAMMARANO, Experte - formatrice en Global Supply Chain Management chez ACTE International
Symboliquement tenue à quelques jours des sommets du G7 et de l’OTAN au cours desquels de nouvelles dispositions ont été prises pour augmenter la pression contre Moscou, cette rencontre a permis aux BRICS de montrer qu’ils avaient leur mot à dire dans la gouvernance mondiale. La Russie cherche à tisser de nouveaux liens pour faire poids face à l’Occident. La position de la Chine en sa faveur est de plus en plus marquée et sans équivoque. Pékin semble peu inquiet semble-t-il concernant d'éventuelles sanctions économiques que l'UE et les Etats-Unis pourraient lui imposer, peu probables au moins à court terme dans le contexte économique mondial actuel. De son côté, l’Inde, qui a noué des alliances avec de nombreux pays occidentaux et était invité au dernier sommet du G7, semble vouloir ménager la chèvre et le chou… Depuis le début du conflit en Ukraine, New Delhi essaie de contenter les exigences occidentales sans pour autant froisser la Russie, qui lui fournit armements et pétrole.
Par ailleurs, le solide mur que veulent former les BRICS pourrait bien être fissuré par les tensions prédominant entre l’Inde et la Chine, toujours en froid après leur affrontement militaire en juin 2020 pour obtenir le contrôle de l'Aksai Chin, à la frontière du Tibet et de la région indienne du Ladakh. En mai, New Delhi avait d’ailleurs participé à une réunion des Quad, alliance de coopération militaire dont elle fait partie aux côtés des Etats-Unis, du Japon et de l’Australie pour contrer la Chine*.
*cf Australie / Inde : un accord de libre-échange pour contrer Pékin
Pour aller plus loin...
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Sources : Les Echos | La Nouvelle Tribune
Rédacteurs : S.SERVIERE | C. BEDOUIN | D. CAMMARANO
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