Les compagnies maritimes n'anticiperaient-elles pas des vents contraires ?

ACTualité

juin 2022

fret maritime

Alors que les taux de fret restent très élevés, les volumes mondiaux transportés en bateau ont reculé de 2 % depuis début 2022.

Si les grands armateurs continuent à enregistrer des profits records (cf. Fret maritime : y a-t-il une entente des compagnies maritimes ?), les volumes de conteneurs transportés à bord des navires sont en baisse depuis le début de l’année. De janvier à mars, les volumes mondiaux de conteneurs se sont contractés de près de 2 % par rapport à la même période de l’année précédente, avec une baisse plus nette sur les faisceaux stratégiques au départ de l'Extrême-Orient : -14,4 % vers l'Amérique du Nord par rapport à la même période de 2021, et -13,3 % en direction de l'Europe. En avril, les exportations au départ de la Chine étaient tombées à leur plus bas niveau depuis près de deux ans.

Depuis début 2022, les tensions sur les chaînes logistiques engendrent des temps de voyage plus longs et pèsent négativement sur la capacité effective de la flotte mondiale. Outre les embouteillages de porte-conteneurs au large des grands ports, le secteur du transport maritime subit simultanément la baisse du commerce liée au conflit entre la Russie et l'Ukraine et les effets du dernier confinement chinois.

Avis d'expert

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Diana CAMMARANO, Experte - formatrice en Global Supply Chain Management chez ACTE International

Après des niveaux jamais égalés au plus fort de la crise sanitaire, les taux de fret, toujours élevés (3 à 4 fois plus chers qu'avant la pandémie), ont fini par se stabiliser. La prévision d’un prochain déconfinement général de Shanghai début juillet, et de Shenzhen mi-juillet, ne jouera pas en faveur d’une baisse des taux de fret. Pas de quoi rassurer les supply chain managers. Il ne serait pas surprenant qu’à l’instar des lendemains des périodes de nouvel an, les usines chinoises peinent à retrouver leur main d’œuvre, et donc leur pleine capacité de production. Au-delà des chaînes de production, l’engorgement des ports au départ, et surtout de l’ensemble de la chaîne de manutention portuaire et transport domestique est sous haute surveillance. Certains considèrent qu’il faudra plus d’un an pour « rattraper le retard ».

Pourtant, les compagnies maritimes anticipent une baisse des volumes à transporter dans les mois, voire les années à venir, confirmée par les statistiques des volumes acheminés depuis le début de l'année. La baisse du pouvoir d'achat généralisée dans les pays occidentaux, la tendance à la régionalisation plutôt qu'à la mondialisation, la hausse des coûts de transport, la dégradation de la qualité de services des transporteurs, la baisse des émissions de CO2 et le développement durable... Autant de motifs d'inquiétude pour les compagnies maritimes qui ont acheté et mis en service ces dernières années des géants des mers qu'elles pourraient avoir du mal à remplir. Le maintien des taux de fret élevés permet de continuer d'engranger des bénéfices pour se préparer à des temps qui seront sans nul doute difficiles pour les importateurs/exportateurs. La « slowbalisation » pourrait bien prendre le pas sur la globalisation !

Pour aller plus loin...

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Sources : Les Echos | Journal de la marine marchande

Rédacteur(s) : C.BEDOUIN | D. CAMMARANO