Myanmar : la situation des travailleurs s'aggrave

ACTualité

juin 2022

Myanmar

Plus d’un an après le coup d’état militaire, la situation au Myanmar continue à se dégrader pour les travailleurs et incite l’organisation Ethical Trading Initiative (ETI) à revoir ses recommandations pour les entreprises s’approvisionnant dans le pays.

Le 25 mars dernier, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) a créé une commission d’enquête sur le non-respect des normes internationales du travail au Myanmar, dont l'objectif est d'examiner le non-respect des Conventions n°87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical et n°29 sur le travail forcé.

Selon les syndicats, l’environnement est devenu trop dangereux pour leur permettre de travailler, de communiquer avec leurs membres ou de négocier avec les employeurs et les marques pour régler les conflits. Plus de 50 syndicalistes ont été tués et au moins 279 dirigeants et militants syndicaux ont été arrêtés. Le Conseil d’Administration d’Etat a interdit à 16 organisations syndicales de fonctionner. La Fédération des travailleurs industriels du Myanmar (IWFM, Industrial Workers Federation of Myanmar) a déclaré qu’elle ne pouvait plus opérer librement au Myanmar, provoquant ainsi, en décembre 2021, le retrait du pays de l’initiative bi-partite ACT, dans laquelle organisations syndicales et marques coopèrent pour l’obtention de salaires décents. Suite à cette évolution, plusieurs pays ont mis en place des sanctions pour essayer de contrer la violence dans le pays (cf. Myanmar : les sanctions internationales pleuvent).

L'ETI déconseille désormais aux entreprises d’effectuer des investissements supplémentaires au Myanmar, et leur recommande de maintenir un dialogue constructif avec les syndicats locaux et internationaux en ce qui concerne leur présence dans le pays.

Avis d'expert

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Sylvie THONNERIEUX, Experte - formatrice en Responsabilité Sociétale Internationale chez ACTE International

Le Myanmar est désormais un pays dévasté par les conflits armés internes entre militaires et groupes rebelles qui poussent la population à migrer massivement vers d'autres régions, voire d'autres pays, à la recherche de sécurité, d'accès à la santé, à l'énergie et aux moyens basiques de subsistance. De leur côté, les Rohingyas sont une cible particulière pour l'armée birmane au pouvoir depuis 2021. Ils continuent à fuir le pays par dizaines de milliers pour aller s'entasser dans des camps au Bangladesh. Les Etats-Unis viennent récemment d'accuser officiellement les dirigeants du pays de crime de génocide contre cette minorité ethnique et religieuse.

Les militaires au pouvoir restent à ce jour complètement sourds aux injonctions et sanctions économiques et financières de la communauté internationale et continuent à anihiler jour après jour la liberté d'expression des citoyens, museler les oppositions politiques (par l'emprisonnement ou l'assassinat), bafouer les droits syndicaux et autres atteintes aux droits de l'homme.

Il parait loin le temps où le Myanmar était présenté comme un nouvel eldorado économique, sûr, stable et porteur de toutes les promesses pour les investisseurs et industriels du monde entier, grâce à l'avènement d'une démocratie incarnée par Aung San Suu Kyi, icône mondiale de la dissidence. C'était en avril 2016...

Pour aller plus loin...

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Source(s) : Ethical Trade Initiative OIT

Rédacteur(s) : L. VERBOUW  S.THONNERIEUX