RSE Chine : ratification de deux conventions sur le travail forcé

ACTualité

avril 2022

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La Chine vient d'annoncer la signature de deux nouvelles conventions internationales visant à interdire le travail forcé.

Mercredi 20 avril, le gouvernement chinois a ratifié deux conventions internationales de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) prohibant le travail forcé. La convention 29 interdit le travail forcé et exige que ces pratiques deviennent des infractions pénales. Quant à la convention 105, elle vient compléter la précédente et vise à abolir immédiatement le travail forcé. La Chine dispose d'une année avant leur entrée en vigueur et compte désormais 28 conventions signées.

Cette annonce intervient alors même que Pékin est accusé de recourir au travail forcé de la minorité des Ouïghours*. En février dernier, un comité d'experts de l'OIT a fait part de ses inquiétudes concernant le traitement de cette minorité. Plusieurs pays ont d'ailleurs pris des mesures pour prohiber l'importation de produits issus de la région du Xinjiang.

La ratification de ces conventions était aussi une condition sine qua non imposée par l'Union européenne avant d'entériner un accord d'investissements avec la Chine. De plus, la Haute-Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Michelle Bachelet, devrait se rendre en Chine en mai pour une visite attendue de longue date.

* cf. Lire tous nos articles sur le sujet des Ouïghours

Avis d'expert

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Sylvie THONNERIEUX, Experte - formatrice en Responsabilité Sociétale Internationale chez ACTE International

Avec la signature de ces deux conventions fondamentales, dont l'OIT et la communauté internationale ne peuvent que se féliciter, la Chine veut démontrer qu'elle fait un pas supplémentaire vers une amélioration progressive de son système social et de gouvernance en faveur d'une plus grande protection des travailleurs, dans la continuité de ses lois sur le travail et la promotion de l'emploi.

Dans le même temps, elle repousse en bloc les conclusions du rapport d'enquête des experts de l'OIT sur le traitement des minorités ethniques et religieuses en Chine. Elle refuse que l'on qualifie ses "centres de formation professionnelle et d'éducation" de la minorité ethnique et religieuse ouïghoure, de camps de rééducation politique basés sur des détentions administratives abusives, des discriminations et des abus de droits. Considérant ainsi comme non fondés et simples instruments de déstabilisation politique, tous les rapports et témoignages accumulés par les ONG, les institutions internationales et les propres membres de la communauté ouïghoure au cours des dernières années.

On ne voit pas comment, dans ces conditions, la mise en oeuvre de ces conventions pourrait être en phase avec les attentes de la communauté internationale tant que la Chine continuera à interpréter à sa façon et de manière unilatérale, ce qui est et ce qui n'est pas de la discrimination ethnique et religieuse, ce qui est et ce qui n'est pas du travail forcé !

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Source(s) : Les Echos | OIT

Rédacteur(s) :J. BONNETON |  S.THONNERIEUX