RSE : la fin de la Fast Fashion ? L'UE veut une mode plus durable

ACTualité

avril 2022

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Dans le cadre du Green Deal, la Commission européenne a publié des propositions pour rendre les produits plus durables, notamment dans le secteur textile, 4e principale source d’impacts sur l’environnement dans l'Union européenne.

La production mondiale de textile a doublé entre 2000 et 2015 et la consommation devrait encore augmenter de 63 % d’ici 2030, pour passer de 62 à 102 millions de tonnes. La consommation de textile représente en Europe la quatrième principale source d'impacts sur l'environnement après l'alimentation, le logement et les transports. Chaque européen achète en moyenne 26 kg de vêtements et textile par an et en jette 11 kg. Et moins de 1 % de toute la production textile est recyclée...

La faute à qui ? Principalement à la "fast fashion" qui pousse le consommateur à acheter des vêtements de qualité inférieure à prix bas, ce qui augmente la production de fibres synthétiques et a un fort impact sur l'environnement : 35 % des microplastiques relâchés dans l’environnement sont issus de vêtements à base de polyester ou d’acrylique. 

Avec sa nouvelle stratégie pour des textiles durables et circulaires, la Commission européenne vise à changer en profondeur le secteur d'ici 2030 : la circularité devrait devenir la norme en mettant l'accent sur la réutilisation, la réparation et le recyclage des textiles ; le Greenwashing serait interdit. Les produits textiles mis sur le marché européen devront être composés autant que possible de fibres recyclées, exempts de substances dangereuses et produits dans le respect des droits sociaux, de l'environnement et de la préservation de la biodiversité

La Commission veut décourager la destruction des articles invendus et  durcir les normes de fabrication et de prélavage industriel, afin de lutter contre le rejet de microplastiques dans l'environnement. Bruxelles souhaite également introduire un " passeport numérique" sous forme de QR code, qui donnera des informations sur la traçabilité et les matériaux aux consommateurs, réparateurs et recycleurs.

Les producteurs devront  assumer la responsabilité de leurs produits tout au long de la chaîne de valeur, y compris lorsqu'ils deviennent des déchets. Afin de lutter contre la fast fashion, les marques devront intégrer le principe de  circularité et réduire le nombre de collections.
 
Ces propositions vont maintenant être soumises au Conseil des États membres et au Parlement européen pour discussion et adoption.

Avis d'expert

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Sylvie THONNERIEUX, Experte - formatrice en Responsabilité Sociétale Internationale chez ACTE International

Nombreuses sont les réactions des ONG actives dans ce secteur hyper-mondialisé du textile pour regretter la déconnexion entre les aspects écologiques et les aspects sociaux au sein de cette nouvelle stratégie de l'UE. La Commission s'en défend en rappelant que les exigences générales portant sur le respect des droits sociaux et humains dans les supply chains internationales sont traitées dans le projet de Directive sur la Diligence Raisonnable* qui est actuellement en discussion auprès du Conseil et du Parlement. Les entreprises soumises à la future Directive devront détecter et mesurer les impacts négatifs de leur chaîne de valeur sur la santé/sécurité des travailleurs, leurs salaires et bénéfices sociaux, leurs libertés, et prendre les mesures nécessaires pour diminuer et réparer ces impacts.

Reste que les propositions de la Commission pour verdir le secteur textile européen, et par extension, mondial, sont extrêmement ambitieuses et courageuses et procureront un avantage compétitif important pour toutes les marques, fabricants et importateurs qui ont entamé ce parcours plus vertueux depuis quelques années.

Il faut maintenant promouvoir une révolution dans le comportement addictif des consommateurs, notamment des plus jeunes, vis-à-vis de la mode éphémère et cela passera par la communication responsable et l'éducation. 

Le chemin est encore long, quand on voit que le géant chinois de la "real time fashion", basée sur une hyper réactivité et des prix toujours plus bas, au détriment de la protection des droits humains et de l'environnement, vient d'atteindre 100 milliards de dollars de valorisation ! 

* cf RSE : la Commission européenne adopte la proposition de directive sur le devoir de vigilance

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Source(s) : Le Vif | Commission européenne

Rédacteur(s) : L.VERBOUW | S.THONNERIEUX