RSE Ouzbékistan : le coton ouzbek exempt de travail forcé

ACTualité

mars 2022

sourcing asie textile habillement

Après 12 ans d'appel au boycott international, la coalition "Cotton Campaign" annonce la fin de son action contre l'Ouzbékistan, considérant que le secteur est désormais exempt de travail forcé et de travail d'enfant systémique.

La coalition mondiale "Cotton Campaign" engagée pour éradiquer le travail forcé dans la production du coton, a déclaré mettre fin au boycott international du coton ouzbek juste après la publication du rapport de l'Uzbek Forum for Human Rights, qui constate l'absence de travail forcé imposé par le gouvernement central lors de la récolte de 2021. 

Le rapport confirme les résultats de ces dernières années (cf. RSE Ouzbékistan : amélioration des conditions de travail dans le coton) qui sont le fruit d'un engagement continu des activistes ouzbeks, des défenseurs internationaux et des marques multinationales, mais également de la volonté politique du gouvernement d'Ouzbékistan et de son engagement dans une transformation profonde du modèle économique de sa filière coton.

L'OIT, qui va publier prochainement son propre Rapport de contrôle de la récolte du coton en Ouzbékistan, atteste que 99% des personnes impliquées dans la récolte du coton de 2021 ont travaillé volontairement, et que seulement 1% des travailleurs auraient encore subi des menaces directes ou perçu des menaces, de la part des responsables des communautés locales (Mahallas) ou des employeurs. Une augmentation tangible des salaires et une communication gouvernementale claire sur l'interdiction des pratiques de travail forcé ont notamment contribué à l'élimination de ce fléau national.

Une grande majorité de travailleurs a également déclaré que les conditions de travail s'étaient améliorées depuis 2020 et certains commencent à s'engager dans la négociation collective. 

"Cotton Campaign" appelle les marques souhaitant s'approvisionner dans le pays à rester vigilantes et à mettre en place un système de sourcing responsable, basé sur la diligence raisonnable, afin de veiller au respect des droits de l'homme et encourager des conditions de travail décentes pour les travailleurs. 

Avis d'expert

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Sylvie THONNERIEUX, Experte - formatrice en Responsabilité Sociétale Internationale chez ACTE International

Avec cet appel à la levée du boycott, "Cotton Campaign" ouvre la voie au réengagement potentiel des 331 marques et distributeurs qui s'étaient engagés à ne plus s'approvisionner en coton ouzbek. 

Néanmoins, le pays risque de pâtir pendant quelques années encore d'une image dégradée héritée de son histoire de travail forcé étatique, à moins que les effets du scandale humanitaire des Ouïghours* dans la province du Xinjiang en Chine (premier producteur de coton dans le monde) ne favorisent le retour en grâce du coton ouzbek.

La vigilance reste de mise pour les donneurs d'ordres de la filière textile/habillement qui doivent mettre en place une approche de diligence raisonnable basée notamment sur la traçabilité de la filière. Il reste encore beaucoup de travail à faire en matière de droits sociaux, de liberté syndicale et d'accès à la négociation collective, d'autant que les dirigeants locaux peuvent encore se comporter de façon déplorable. C'est vraiment la volonté politique des dirigeants ouzbeks qui permettra de transformer le secteur et le pays de manière durable.

*  Lire tous nos articles sur le sujet des Ouïghours

Pour aller plus loin...

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Source(s) : ILO | Uzbek Forum for Human Rights

Rédacteur(s) : L.VERBOUW | S.THONNERIEUX