Transport maritime : la désorganisation fragilise les PME européennes

ACTualité

March 2022

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Entre engorgement des ports et augmentation des prix, la situation houleuse dans le transport maritime met à mal les petites entreprises européennes qui tentent de garder le cap.

Congestion des ports mondiaux (cf. Fret maritime : l'engorgement des ports un problème majeur et persistant), envolée inédite des tarifs et des délais : la pandémie a plongé le secteur du transport maritime dans une profonde désorganisation. Une situation particulièrement préoccupante pour les PME et TPE européennes dépendant de l’import-export qui ont vu leurs dépenses exploser, notamment le poste transport, alors que la valeur des marchandises transportées connaissait parfois un tassement. Non seulement les prix du transport sont 6 à 10 fois plus élevés qu'avant, mais la qualité du service s'est fortement dégradée : certains navires changent leur routing au dernier moment pour desservir un autre port que celui prévu initialement, les capacités manquent souvent, de nombreuses escales sont annulées...

Pour faire face, les petites sociétés ne cessent de déployer des efforts pour s’adapter. Les conteneurs sont optimisés. Pour réduire le surcoût par unité tout en anticipant les éventuelles pénuries, certains gérants importent plus d’exemplaires à la fois ou mutualisent le transport avec d’autres importateurs. D’autres cherchent des moyens de transport alternatifs en optant, par exemple, pour le transport par rail. Mais ce dernier est lui aussi saturé (cf. Fret ferroviaire Chine/ UE : une solution alternative envisageable ?). De plus en plus d’entrepreneurs oeuvrent pour relocaliser une partie de leurs productions en Europe. Mais bien souvent, ils se résignent à rogner sur leurs marges et à augmenter les prix de vente.

Ces derniers mois, les démarches se sont multipliées auprès de la Commission européenne pour tirer la sonnette d’alarme. Le 17 février, le CLECAT, Comité de liaison européen des commissionnaires et auxiliaires de transport du marché commun, a réclamé l'ouverture d'une enquête sectorielle urgente dans le secteur du transport maritime par conteneurs afin de supprimer "les règles injustes et discriminatoires". Jusque-là, pour Bruxelles, les perturbations restaient un dommage collatéral de la pandémie. De leur côté, certains pays, comme les États-Unis, la Chine ou la Corée du Sud, se montrent plus offensifs face aux grands armateurs. Washington a raffermi sa réglementation (cf. Fret maritime : première étape pour la loi US sur le transport maritime) tandis que Séoul a récemment infligé une amende de 81 millions de dollars à 23 sociétés d'armateurs pour entente sur les prix. 

Avis d'expert

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Julie BONNETON, Experte - formatrice en Commerce International chez ACTE International

Les difficultés du secteur maritime impactent de plein fouet les entreprises qui se trouvent dans une impasse : elles ne peuvent  que subir les conditions imposées par les compagnies. Elles doivent batailler pour acheminer leurs marchandises sans maîtriser ni les délais ni les coûts, même le système D se révèle insuffisant.

Une amélioration de la situation n'est pas prévue avant le 2e semestre 2022 et l'espoir que les démarches initiées auprès de la Commission européenne soient bénéfiques est très mince.

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Source(s) : Les Echos - CLECAT

Rédacteur(s) : C. BEDOUIN | J. BONNETON