RSE : les "rubis de sang" financent la junte birmane

ACTualité

février 2022

RSE rubis junte birmane

Dans un rapport publié mi-décembre, l’ONG Global Witness accuse plusieurs grandes marques de joaillerie de s’approvisionner en rubis birmans et de participer ainsi, indirectement, au financement de la junte militaire.

Les rubis birmans, appelés rubis sang de pigeon à cause de leur couleur rouge franc, sont vendus comme des symboles de connexion humaine et d’affection, et pourtant leur chaîne d'approvisionnement est imprégnée de corruption et d'effroyables violations des droits de l'homme.

L’industrie des pierres précieuses au Myanmar représente entre 346 et 415 millions de dollars par an. Depuis l’expiration de la dernière licence en 2020, l’exploitation des mines est illégale dans le pays. Les soldats extorquent des paiements aux mineurs informels et organisent des foires aux pierres précieuses pour des acheteurs peu scrupuleux. Ils font entrer clandestinement les rubis en Thaïlande où ils sont taillés, polis et traités avant d’être vendus à des bijoutiers du monde entier. Au moment où ils arrivent en Thaïlande, la plupart des revendeurs n’ont aucune idée de la provenance des pierres, et n’essaient même pas de la connaître.

Selon Global Witness, il est impossible de mettre en place un système de traçabilité sur les rubis birmans, et donc de s’en approvisionner, sans contribuer au financement des groupes militaires et participer aux violations des droits humains. Au vu de cette situation, l'ONG préconise que les joailliers suspendent les achats de pierres précieuses birmanes.

Depuis le coup d'état, non seulement les entreprises boycottent le pays, mais l’Union européenne, les États-Unis et le Royaume-Uni lui ont imposé des sanctions économiques. Et la coalition de marques ACT (Association for Contract Textiles) a annoncé récemment la suspension de ses activités dans le pays, suite à la déclaration du syndicat international IndustryAll indiquant ne plus être en mesure d'opérer librement dans le pays.

Avis d'expert

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Sylvie THONNERIEUX, Experte - formatrice en Responsabilité Sociétale Internationale chez ACTE International

La Birmanie n'est plus le nouvel Eldorado des donneurs d'ordres internationaux qui avaient été attirés ces dernières années par l'évolution du pays vers plus de démocratie avec l'accession d'Aung San Suu Kyi au pouvoir et les promesses de nouveaux outils de production opérés par une main d'oeuvre très bon marché.

Le coup d'état militaire du 1er février 2021 qui a renversé le gouvernement civil venant d'être élu, a définitivement mis fin à une décennie de transition démocratique. L'ex-dirigeante charismatique vient d'être condamnée à plusieurs années de prison pour diverses accusations frauduleuses dont le seul but est de l'éloigner définitivement du pouvoir.

Le pays est tout proche d'une guerre civile totale avec des milices citoyennes opposées à la junte qui ont pris les armes. Sur le plan économique, l'ONU et les ONG confirment que le putsch, doublé de la crise sanitaire, a plongé l'économie dans une grande récession. Selon la Banque mondiale, "environ 1 million d'emplois pourraient être perdus et de nombreux autres travailleurs connaîtront une baisse de leurs revenus".*

* Myanmar : l'industrie textile-habillement dans la tourmente !

Pour aller plus loin...

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Source(s) : Novethic

Rédacteur(s) : L.VERBOUW | S.THONNERIEUX