RSE : une montée des troubles sociaux menace les pays émergents

ACTualité

octobre 2021

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Après une accalmie pendant la pandémie, une nouvelle vague de mouvements sociaux de forte ampleur se profile et pourrait impacter le commerce international.

Les expériences des précédentes épidémies et pandémies nous enseignent que les troubles sociaux font (ou refont) leur apparition, en moyenne, un an après une crise sanitaire. Cette résurgence du mécontentement social s’explique par les effets socio-
économiques dévastateurs de ces crises. La magnitude de ceux engendrés par la pandémie mondiale de COVID-19 étant sans égal, l’ampleur de la nouvelle vague de mouvements sociaux qui s’annonce promet de l’être également.

Pendant la pandémie, qui n'est toujours pas maîtrisée au niveau mondial, les populations ont vu leur niveau de vie baisser : chute du PIB par habitant, dégradation du pouvoir d’achat, hausse du chômage et de l’inflation, accroissement des inégalités de revenu et de richesse (cf. Risque RSE et Covid-19 : chute des revenus du travail dans le monde !). À cela s’ajoutent, dans certains pays, un mécontentement grandissant face à la gestion de la crise sanitaire par les gouvernements et des restrictions des libertés civiles et politiques dans le contexte de crise sanitaire parfois jugées abusives.

L'étude de Coface montre que la pandémie a fait bondir à un niveau record l’indicateur de risque social et politique qui compile des données telles que l’inflation, le taux de chômage, les inégalités de revenu et le niveau de corruption. Il a atteint 51 % dans le monde et 55 % dans les pays émergents en 2020, une hausse de 5 points par rapport à 2019. Cet indicateur a augmenté dans 88 % des pays émergents, notamment en Asie (Malaisie, Inde, Thaïlande, Philippines), mais également dans certains pays du Maghreb (Algérie et Tunisie).

L’assureur crédit estime que les mouvements sociaux de masse entraînent des conséquences négatives persistantes sur l’activité économique, qui varient selon la durée et l’intensité de ces mouvements :

  • ralentissement de la croissance du PIB d’un point de pourcentage, et de deux points pour les pays émergents ;
  • baisse de confiance des ménages et des entreprises ;
  • augmentation de l’incertitude liée à l’instabilité politique ;
  • affaiblissement des flux commerciaux et chute de l’activité industrielle qui affectent les exportations (en moyenne 4,2 % inférieures à leur potentiel estimé sur l’année du mouvement, et 6,3 % à 8,9 % inférieures à la situation d'avant-crise) ;
  • fléchissement des importations dû à une régression de la consommation.

Avis d'expert

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Sylvie THONNERIEUX, Experte - formatrice en Responsabilité Sociétale Internationale chez ACTE International

Avec cette étude basée sur une analyse scientifique de l'impact des mouvements sociaux mondiaux de ces dix dernières années sur le commerce international, on comprend que les effets négatifs de la crise sanitaire sur les échanges internationaux sont loin d'être terminés !  

Les opérateurs dans le monde entier font face actuellement à une crise profonde de la chaîne logistique internationale (manque de capacité, allongement des délais d'acheminement, explosion des taux de fret maritime, aérien et du rail) et de la chaîne de production (manque de main d'oeuvre et de matières premières). Ils doivent également rester vigilants sur le contexte socio-politique dans les pays de sourcing afin d'anticiper les situations de blocage. Et bien entendu, entretenir un dialogue permanent et transparent avec leurs fournisseurs sur le respect des droits humains et le droit du travail, gage d'un climat social favorable aux échanges.

Pour aller plus loin...

ACTE International, spécialiste en Global Supply Chain Management et cabinet d'audit international et d'expertise-conseil en RSE réalise votre cartographie des risques et vous accompagne dans le déploiement de votre plan de vigilance et politique éthique en Asie, Afrique, Europe et Amériques.

Source(s) : Coface

Rédacteur(s) : L.VERBOUW | S.THONNERIEUX