RSE : recrudescence du travail des enfants dans le monde

ACTualité

juin 2021

OIT UNICEF travail enfant

Dans leur rapport « Travail des enfants : estimations mondiales 2020, tendances et perspectives », l’OIT et l'UNICEF estiment que 160 millions d’enfants dans le monde sont victimes du travail infantile, une augmentation de 8,4 millions par rapport à 2016.

Alors que le travail des enfants avait reculé de 94 millions entre 2000 et 2016, cette tendance pourrait prendre fin avec la pandémie. 9 millions d’enfants supplémentaires risquent d’être poussés au travail d’ici la fin de 2022, et ce chiffre pourrait atteindre 46 millions selon les prévisions, si les protections sociales baissaient par rapport à leur niveau actuel en raison de politiques d'austérité dans les pays de production touchés par la crise.

En raison de la perte d’emploi ou de revenus des chefs de famille, les enfants ont été forcés à travailler ou à travailler plus, afin de contribuer à la subsistance de la cellule familiale. Ils risquent ainsi de subir des dommages physiques et mentaux irréversibles et de tomber dans le cercle infernal de la pauvreté et du travail infantile, souvent aggravés par des problèmes de violences sexuelles et d'esclavage.

Toutes les régions géographiques sont concernées, mais le continent africain est le plus touché.

Sectoriellement, l'agriculture représente 70% des enfants astreints au travail. 20 % effectuent des basses besognes dans les services, 10 % dans l’industrie. 

Le rapport met également en lumière trois éléments marquants :

  • 60% des enfants au travail sont des garçons
  • la moitié de tous les enfants qui travaillent sont âgés de seulement 5 à 11 ans
  • une progression inquiétante du nombre d'enfants entre 5 et 17 ans effectuant un travail dangereux (dans les mines ou la pêche, par exemple) : chiffre passé à 79 millions, soit une hausse de 6,5 millions par rapport à 2016.

Pour lutter contre ce phénomène, l’UNICEF et l’OIT préconisent une protection sociale convenable pour tous, une augmentation des dépenses publiques pour rendre l’éducation gratuite et de qualité, le retour à l'école de tous les enfants qui travaillent et un travail décent pour tous les adultes, afin qu’ils n’aient plus besoin de faire travailler leurs enfants.

Avis d'expert

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Sylvie THONNERIEUX, Experte - formatrice en Responsabilité Sociétale Internationale chez ACTE International

Ce nouveau rapport vient confirmer une tendance à la hausse du travail des enfants au niveau mondial qui avait été détectée avant la crise sanitaire. La pandémie de COVID-19 agit comme un accélérateur mais il y a de multiples raisons à cette recrudescence :

• les nombreux conflits qui secouent la planète notamment au Sahel, en Syrie ou au Yémen, et qui entraînent mécaniquement le recours au travail des enfants avec des écoles qui ferment, des déplacements de populations ;

• les industriels et gouvernements qui n'avancent pas assez vite sur le sujet du salaire décent ;

• les citoyens, qui par leurs modes de consommation contribuent à entretenir ces systèmes.

Alors que la Convention 182 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) qui appelle à éradiquer toutes ces formes inacceptables d’exploitation des enfants a été ratifiée (fait historique) par l’ensemble des 187 pays membres de l’OIT*, l'urgence est de travailler partout sur l'application effective des législations internationales et nationales.

C'est une question de responsabilité partagée sur les chaînes d'approvisionnement, et la future Directive européenne sur la diligence raisonnable** pourrait bien exiger prochainement des entreprises plus de traçabilité et de contrôle, et la mise en place de sanctions pour défaut de prévention.

*cf. RSE : ratification universelle de la convention sur le travail des enfants

**cf.Diligence raisonnable et supply chain : l'UE en route vers une réglementation !

Pour aller plus loin...

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Source(s) : Nations Unies | Les Échos

Rédacteur(s) : S. THONNERIEUX